L'agriculture, une passion

Poursuivons nos portraits de l’Assemblée des jeunes de la FWA. Après le Président Daniel-Henry Sparmont, place à un autre agriculteur récemment installé: Maxime Albanese, dont la vocation première s’est érigée en certitude lors de ses études d’Ingénieur agronome. Installé depuis 2021 dans la ferme familiale à Modave, il aime partager sa passion avec le grand public. Rencontre…

Tandis que les cieux déversent leur trop plein de chagrin sur une terre déjà gorgée d’eau se dresse, au détour d’un chemin serpentant dans la campagne condruzienne, le village de Modave. Au détour de la rue éponyme se trouve la Ferme de Romont, où nous attend Maxime Albanese. Arborant un des sourires les plus communicatifs de l’Assemblée des jeunes de la FWA, Maxime affiche un enthousiasme qui tranche avec la grisaille du dehors.

Agé de 28 ans, il a toujours été passionné par la ferme. «Enfant, je venais tous les week-ends et toutes les vacances aider mon oncle (le frère de ma mère), ici, dans la ferme familiale».

Ingénieur agronome

Avec un papa dentiste et une maman éducatrice, il poursuit une scolarité dans l’enseignement général avant de se destiner à l’agronomie, à Gembloux. Etudes dont il sortira avec un diplôme d’ingénieur agronome. Mais surtout, avec la conviction que sa voie professionnelle cheminera dans l’agriculture. «C’est en découvrant les tenants et les aboutissants de l’agriculture, au sens large, que le déclic c’est fait» précise-t-il faisant fi des discours ambiants tentant de réfréner son bel enthousiasme.

Maxime Albanese

La ferme familiale n’ayant pas de repreneur direct, la voie semble toute tracée. «On savait qu’il faut environ 3 ans pour finaliser une installation. Les démarches ont débuté en 2018. Je dois dire à ce propos que nous avons été remarquablement conseillés par le CGTA, et plus particulièrement par Benoît Dardenne».  

C’est ainsi que le 1er janvier 2021, Maxime est officiellement devenu l’associé de son oncle ainsi que d’un cousin qui vient donner un coup de main après ses heures de travail. «Moi-même j’effectue un mi-temps de bioingénieur car, pour l’instant, les revenus dégagés sur l’exploitation ne permettent pas de subvenir à trois personnes».

 

Faire mieux avant de vouloir faire plus

Ensemble, ils gèrent 75 Ha, dont 40 Ha dévolus aux grandes cultures (blé, escourgeon, pommes de terre, pois, lin et prairies temporaires) et 35 Ha de prairies permanentes. «Nous avons 170 bêtes à l’engraissement. Il s’agit de Blanc Bleu, dont 20% sont croisés avec des parthenais culards». Un cheptel viandeux commercialisé via la coopérative «En direct de mon élevage» dont Maxime est membre. A ce titre, il a déjà pu démarcher 2 restaurants, 2 magasins et une cuisine de collectivité. «Cette voie nous a permis de sortir de la logique de prix qui nous était imposée jusqu’alors».

Adepte du travail bien fait, Maxime a pour devise «faire mieux avant de vouloir faire plus». Un leitmotiv qui l’accompagne dans sa démarche au sein de l’Assemblée des Jeunes. «Dès sa création, j’ai accepté d’en faire partie par curiosité. Et j’ai directement apprécié être avec des personnes de mon âge, pour partager nos expériences dans les domaines aussi cruciaux que l’installation ou les investissements. J’aime la dynamique mise en place, avec des gens dont la vision s’accompagne d’optimisme car nous vivons avec l’obligation de rentabilité».

Des rencontres que Maxime, comme tout bon footballer (Ndlr il joue au Club de Fraiture) qui se respecte, apprécie les «3e mi-temps» où l’on papote en refaisant le monde. «Ce sont souvent les moments les plus riches». Une richesse dont Maxime est assurément l’un des plus éminent pourvoyeurs, affublé de son enthousiasme particulièrement communicatif.

Une page Facebook pour expliquer son métier

Lorsqu’on évoque avec lui l’un des aspects les plus pesants de son quotidien de fermier, Maxime pointe assurément la méconnaissance générale de la société envers le monde agricole.

Maxime Albanese

Ce qui, dans la pratique journalière, peut engendrer des soucis de cohabitation avec, notamment, les néo-ruraux. «Par exemple, pour me rendre sur une de mes terres, j’emprunte une fois par semaine un chemin publique qui traverse un nouveau lotissement créé au milieu de nulle part, histoire de ne pas devoir faire un détour qui s’avère dangereux. Et bien je viens d’apprendre qu’une pétition vient d’être initiée pour m’en interdire l’accès!». Un exemple de situation que Maxime a décidé de combattre à travers… la pédagogie. «Aussi souvent que je le peux, je sensibilise mes voisins à nos pratiques. Je prends le temps d’expliquer le pourquoi du comment. Jusqu’à présent, j’ai la chance que leur méconnaissance laisse rapidement place à de la bienveillance».

Parallèlement, Maxime poste hebdomadairement 2-3 photos accompagnées d’un court texte pour expliquer les situations, sans aucun tabou, qu’il rencontre au quotidien dans son exploitation. «Je dois dire que les retours sont très positifs. Je pense que c’est notre devoir, en tant que jeune agriculteur, de communiquer sur notre métier. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place».