Étape par étape

Cette semaine, direction la Famenne namuroise pour poursuivre notre galerie de portraits de membres de l’Assemblée des Jeunes de la FWA avec Ludovic Dawagne. Professeur d’électromécanique, il envisage de reprendre officiellement l’exploitation familiale par étape, selon un processus mûrement réfléchi. Rencontre avec un jeune homme raisonné.

Ronald Pirlot 

Vignée est un petit hameau de la région rochefortoise où la vie s’écoule au rythme de la Lesse, qui serpente à ses pieds. Une rivière dont l’aspect brunâtre traduit les fortes pluies enregistrées ces dernières semaines, laissant entrevoir une impétuosité qui peut se manifester à tout moment.

C’est sur les hauteurs du village, à quelques encâblures de l’autoroute E411 que se situe l’exploitation familiale que Ludovic Dawagne entrevoit de reprendre, dans les dignes pas de ses parents, Benoît et Martine. 

«J’ai toujours su que je travaillerais dans les bêtes et dans le milieu agricole. Mais j’ai très vite pris conscience qu’il n’était pas facile de dégager un deuxième salaire sur l’exploitation. D’où mon choix de poursuivre des études de régence après mes études secondaires à Ciney puis Beauraing» explique Ludovic, qui officie depuis lors comme professeur de mécanique et d’électromécanique à l’Institut Notre-Dame du Sacré-Cœur de Beauraing.

Reprise par étape

Une carrière professorale dont les prochains contours l’inquiètent.

Ludovic Dawagne

«Déjà durant le Covid et l’obligation de donner cours à distance, je me suis posé quelques questions. Mais avec la réforme de l’enseignement telle qu’elle nous est présentée, je ne suis pas du tout rassuré quant aux lignes directrices envisagées». Et notamment par tous les changements administratifs ainsi que le prolongement du tronc commun jusqu’en 4e année, ce qui risque d’induire la perte de travaux pratiques dans le niveau inférieur.

De quoi faire ressurgir les envies d’une reprise des élevages bovins (Aubrac et un peu de BB) et porcin de ses parents au sein de lesquels il consacre déjà une grande partie de son temps libre. Mais une reconversion en douceur, car le jeune homme est du genre réfléchi et posé. Pas question de lâcher la proie pour l’ombre. «J’analyse beaucoup pour mettre un maximum de chances de mon côté» reconnaît-il. «Dans un premier temps, j’entrevois de conserver mon travail en activité principale et la ferme en complémentaire. Et, dans un délai plus large, de faire l’inverse, tout en conservant un pied dans l’enseignement».

Amour des animaux

Car Ludovic sait que l’agriculture, et notamment l’élevage, peut être soumise à des règles de nature à mettre rapidement à mal les plans de carrière.

Ludovic Dawagne

«Je ne crains pas trop la campagne de dénigrement menée à l’encontre de l’élevage par, essentiellement, les médias, car je sais qu’il faudra toujours de la viande. Ce qui me fait davantage peur, ce sont les changements tels que la directive sur les émissions industrielles (IED) et la menace d’être considéré comme une activité industrielle avec tout ce que cela comporte comme règles. L’inquiétude à cet égard est réelle».

Une aberration d’autant plus grande lorsque l’on voit Ludovic entrer dans une stabulation et consacrer plus d’une heure à guider un veau qui n’a pas le déclic d’aller au pis de sa mère pour qu’il puisse engranger les forces nécessaires à sa survie. Le tout, sous le regard compatissant de la vache dont l’instinct maternel la pousse à faire toute confiance en l’éleveur dont la patience démontre à souhait son amour pour les animaux. On est effectivement loin de l’image d’une activité industrielle! «Heureusement que nous pouvons compter sur l’action syndicale, et singulièrement sur la FWA, pour défendre les intérêts agricoles».

Elevage et engraissement

Dans le chef de Ludovic, l’on sent une véritable volonté de s’impliquer pour, dit-il, «faire le métier le plus correctement et proposer des bêtes d’élevage propres et en ordre». Avec, dans un coin de la tête, l’idée de se recentrer complètement sur l’élevage et l’engraissement. Et peut-être d’envisager à terme la vente de colis de viande. «Je pense qu’il existe une réelle volonté du consommateur de manger local et de savoir d’où viennent les bêtes qui se retrouvent dans son assiette».

Mais, en homme raisonné, Ludovic, qui a largement diminué ses prestations footballistiques pour se recentrer sur les activités agricoles, sait qu’avant toute chose, il lui faut d’abord entreprendre les démarches pour reprendre officiellement la ferme familiale. Une passation qui, même s’il ne l’a jamais forcée, semble ravir Benoît, le papa, pour qui il s’agirait de la troisième génération sur la ferme achetée par le grand-père à la Donation royale. Entre le père et le fils s’affiche d’ailleurs une complicité évidente.

Un engagement syndical comme une évidence

Que ce soit dans les mouvements de jeunesse, au sein du club de football de Houyet ou encore dans le Comité des fêtes de Custine, Ludovic aime s’investir personnellement. C’est donc tout naturellement qu’après avoir accompagné son papa au sein de la Section locale de la FWA, il s’est retrouvé de fil en aiguille à siéger au sein de l’Assemblée des Jeunes. «J’y connaissais déjà plusieurs membres. Le courant est très vite passé entre nous. Il existe vraiment une très belle dynamique de groupe grâce, notamment, à la personnalité du Président (Daniel-Henri Sparmont)». Ludovic avoue particulièrement apprécier les échanges syndicaux. «Toutes les spéculations sont représentées. Ce qui nous permet d’apprendre les réalités des uns et des autres, de mieux appréhender les autres terroirs». Et ainsi de défendre au mieux les intérêts de tous à travers l’action syndicale.

L’Aubrac, un véritable coup de foudre familial

Benoît, le papa de Ludovic, fut l’un des pionniers de l’élevage Aubrac en Belgique. Un choix réalisé il y a 23 ans.

Aubrac

«À l’époque, on m’a pris pour un fou» s’amuse Benoît, qui cherchait une race davantage en adéquation avec les spécificités de l’herbe de la Famenne. «J’en ai parlé à mon marchand qui m’a présenté trois Aubrac qu’il avait chez lui. Ce fut un véritable coup de foudre. Je suis littéralement tombé sous le charme de cette bête dont la tête paraît maquillée. Et en septembre 1999, je descendais dans le Cantal pour en acheter 10».

Depuis, le cheptel a bien grandi. Une race qui se caractérise par sa rusticité, sa docilité et ses aptitudes maternelles. Et qui produit une viande persillée, goûteuse et juteuse à souhait. «Aujourd’hui, nous sommes environ une trentaine d’éleveurs disséminés à travers toute la Wallonie à posséder des Aubrac» précise Benoît.

Vers un herd-book de l’Aubrac

Une race encore méconnue que Ludovic a décidé de mettre en avant via une page Facebook qu’il alimente régulièrement. «L’idée est de faire connaître la spécificité de cette espèce, mais aussi de notre élevage afin de faire résonner notre nom» explique Ludovic, qui partage avec son papa l’amour de cette race bovine.

Au point d’envisager la création d’un herd-book de l’Aubrac, «avec l’AWE» précise-t-il. Histoire, à l’avenir, de pouvoir également organiser des concours et offrir ainsi une vitrine à cette race à l’esthétisme particulièrement marquée.

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