Fidèle à lui-même

En matière d’agriculture, le programme d’Ecolo est fidèle aux principes défendus lors de cette législature. Les Verts entendent poursuivre et renforcer la transition vers une agriculture toujours plus verte à travers 8 propositions qui font notamment la part belle à l’agroécologie, aux circuits courts, à la promotion du bio, à la mise en place de ceintures alimentaires et à l’interdiction progressive des pesticides. Des idéaux qui ont souvent fait fi des réalités de terrain pour nos agriculteurs? Les verts sont-ils enclins à accorder une plus grande latitude au pragmatisme?

Ronald Pirlot

S’il est sans doute un rendez-vous particulièrement attendu des agriculteurs dans le cadre du cycle des conférences politiques organisées par la FWA, c’est sans nul doute celui avec les Ecolos. Un parti avec lequel les agriculteurs partagent une même couleur, le vert, mais avec des nuances qui se sont souvent avérées discordantes durant la législature qui s’achève, les idéaux des uns s’opposant régulièrement aux réalités de terrain vécues par une grande majorité des autres. Au-delà de présenter les grandes lignes qui alimenteront leur programme, cette soirée pourrait permettre de restaurer une relation verbale qui, trop souvent dans un passé récent, a tourné au dialogue de sourd avec la représentante au sein de l’exécutif wallon. Sans doute sera-ce l’un de ses premiers mérites de cette rencontre avec son co-Président de parti, Jean-Marc Nollet, qu’on a rarement eu l’occasion d’entendre sur le thème de l’agriculture!

Mais venons-en aux lignes directrices, en matière agricole, libellées sur le site du parti Ecolo à travers 8 propositions (section «Nos idées politiques - #alimentation et agriculture») qui s’inscrivent dans la juste continuité des actions édictées durant cette législature.

Proposition 1 

«Initier une alliance « Emploi-alimentation » qui accélère la transition vers une alimentation durable et l’agroécologie favorisant la santé des populations et le respect des écosystèmes, tout en développant l’emploi local».

Proposition 2

«Promouvoir l’agriculture biologique par la mise en place d'une TVA dégressive et ramenée à 0% pour tout produit non-transformé, certifié bio ou par un système de garantie participative».

Proposition 3

«Dans l’ensemble des marchés publics en matière d’alimentation (en particulier dans les crèches, écoles et maisons de repos), fournir au plus tard en 2022 des repas issus de circuits courts dont au moins 50% de produits provenant de l’agriculture biologique ou en transition et 100% à l’horizon 2030».

Proposition 4

«Développer des ceintures alimentaires de qualité et de proximité autour de chaque grande ville».

Proposition 5

«Réduire le gaspillage alimentaire de 50% à l’horizon 2025 et 75% à l’horizon 2030».

Proposition 6

«Interdire progressivement l’usage de tout pesticide en Belgique, en priorité ceux qui contiennent des perturbateurs endocriniens. Au niveau belge comme au niveau européen, mettre fin à l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate et revoir en profondeur les procédures d’autorisation des pesticides».

Proposition 7

Au niveau européen, et dans toutes les instances concernées, promouvoir une réforme de la PAC assurant la transition vers l’agroécologie.

Proposition 8

Réformer l’AFSCA pour la replacer sous la tutelle du Ministère de la Santé et différencier le contrôle des activités artisanales du contrôle des activités industrielles.

 

À la lecture des propositions d’Ecolo, une première remarque nous vient aux lèvres. Au milieu des termes récurrents tels que «agroécologie», «agriculture biologique», «circuit court», «ceinture alimentaire», un terme manque cruellement à l’appel, celui d’ «agriculteur», pourtant essentiel en tant qu’acteur de première ligne. Sans les hommes et les femmes qui œuvrent quotidiennement pour leurs concitoyens, la chaîne alimentaire n’existe plus. Lorsqu’Ecolo parle du développement de l’emploi local, inclut-il les agriculteurs dans l’équation ou vise-t-il uniquement les filières de transformation et de distribution, ou inclut-on les agriculteurs, en première ligne de la filière de production? Le revenu décent au regard de la somme de travail fourni fait, pour rappel, partie des principales revendications de la FWA comme l’un des 3 piliers de l’agriculture durable.

Et l’agriculture conventionnelle ?

Des propositions, il ressort également que seule l’agriculture biologique trouve grâce aux yeux d’Ecolo. Au point de parfois donner l’impression qu’il faut occulter l’agriculture conventionnelle et/ou raisonnée, comme s’il s’agissait d’un gros mot. Plutôt que de les mettre en constante opposition, n’y a-t-il pas lieu de faire cohabiter les modèles comme le préconise la FWA, ardente défenderesse de tous les modes d’agriculture à l’instar d’autres formations politiques? D’autant que les études de consommation laissent sous-entendre certaines difficultés pour le bio (même si un léger redémarrage semble s’observer chez les consommateurs).

D’où cette impression récurrente d’une distanciation manifeste entre dogmatisme et réalité de terrain. De quoi nourrir de nombreuses questions à l’égard du co-Président d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, qui disposera d’une occasion unique de clarifier la pensée de ses troupes à l’aube des échéances électorales. Une soirée très attendue qui se tiendra le lundi 22 janvier à 19h au siège de la FWA.

 

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Rencontre avec Jean-Marc Nollet