C’est à Hognoul, dans la ferme familiale, que François Lejeune, agriculteur et jeune papa de Ruben et William, développe depuis quelques années ses activités en grandes cultures. Actif en conventionnel et en bio, ce passionné s’est énormément investi dans le développement des coopératives sur le territoire régional, et notamment au sein de la coopérative Bel’grains. Un engagement particulièrement important pour lui, qui tient à rappeler avant tout que si cette coopérative a vu le jour, c’est pour permettre de trouver de nouveaux débouchés aux cultures céréalières bio dans un contexte marqué par l’augmentation de la production, quand la consommation, elle, peine à rencontrer son public.

Olivia Leruth

PC : La semaine dernière, tu as participé au concours organisé lors du 9ième Congrès Européen des jeunes agriculteurs au Parlement Européen. Comment as-tu vécu cette expérience auprès des instances européennes ?

François : Je dois bien avouer que c’était la seule institution devant laquelle je n’avais pas encore manifesté ! (rires) Plus sérieusement, c’était assez impressionnant de voir le niveau de sécurité. On se rend compte que l’on rentre dans une véritable institution démocratique, qui doit être protégée des attaques extérieures.

PC : Est-ce que cette participation a fait évoluer ton rapport aux institutions européennes ?

François : En tout cas, cela m’a fait comprendre que les démarches de réorganisation de filières que l’on connaît chez nous ont lieu partout en Europe. C’est quelque chose de vraiment positif, car l’Europe, c’est souvent loin, et c’est vrai que depuis que j’ai repris la ferme, et même durant mes études, j’ai surtout vu une Europe qui se distanciait de l’agriculture en réduisant les budgets et en imposant des normes toujours plus strictes. Ici, l’expérience permet de mieux appréhender ce côté positif que représente l’homogénéité entre les pays. Tout le monde est sur le même pied, même s’il y a encore des différences et que je pense qu’il faut les réduire, notamment dans le droit belge ou wallon. Mais les contraintes, les objectifs, les problématiques et solutions sont les mêmes partout en Europe.

PC : Lors de cet évènement, tu as remporté le prix du meilleur projet axé sur le développement des zones rurales grâce à ton implication dans la coopérative Bel’grains. Peux-tu nous expliquer ce qui a été déterminant ?

François Lejeune

François : J’avoue que lorsque j’ai vu les autres vidéos des candidats, je ne pensais vraiment pas gagner ! (rires) Mais au final, le jury s’est vraiment concentré sur le projet. Tout le dossier que l’on avait monté avec le collaborateur de Benoît Lutgen a eu beaucoup d’importance. C’est vraiment au moment de la présentation des catégories que j’ai compris que j’avais ma place. Il y avait des aspects de développement au niveau social et économique, que l’on remplit vraiment avec Bel’grains. On a vraiment un impact économique sur toute une région, sur toute une filière, tous les acteurs se connaissent. Et même sur l’aspect environnemental, on a un impact puisque nous sommes en Bio. La coopérative nous permet de pérenniser les débouchés de notre production de céréales bio, car il y a un vrai souci de débouchés. Le nombre de consommateurs n’est pas en expansion par rapport à la production qui, elle, est en nette évolution, c’est à cette problématique que sert Belgrains :  développer les débouchés pour cette production.

PC : Une récompense qui peut être conséquente, puisque tu as empoché 5000 € grâce à ta participation. As-tu déjà pensé aux projets dans lesquels tu aimerais les dépenser ?

François : Déjà, j’attends de recevoir ce prix, là, je suis juste rentré avec un grand chèque en carton ! Mais cet argent servira à développer de nouveaux packaging pour la coopérative, pour proposer des alternatives plus pratiques pour les supermarchés, notamment.