Plus qu'un métier, une passion

L’agriculture n’est pas un simple métier, c’est une passion. La plupart des agriculteurs sont nés dedans, y ont grandi et entendent bien rester agriculteur jusqu’à leur pension, voire au-delà. Pour leur ferme, pour leurs bêtes et par amour de la terre. Mais il arrive que la vie prenne d’autres chemins, que leurs pas les emmènent dans d’autres directions, que ce soit par choix ou par accident. Une situation impensable pour beaucoup, taboue pour certains, et pourtant bien réelle pour d’autres… Quand la vie entière a tourné autour de l’agriculture, est-il possible de retrouver une vie en dehors de celle-ci? Et elle ressemble à quoi, cette vie d’après? Rencontre à cœur ouvert avec des agriculteurs dotés d’une force de résilience hors du commun. Et qui ont appris que tourner la page permettait aussi de pouvoir écrire les chapitres suivants.

Florian Mélon

«Vous en connaissez beaucoup, des agriculteurs qui font ce métier pour l’argent ou la carrière? On fait ça par passion» raconte Michel Thienpont en regardant sa ferme par la baie vitrée.

Michel Thienpont

Cette fenêtre, c’est devenu sa tour de contrôle, son poste d’observation depuis lequel il observe et analyse son exploitation. Cette ferme hennuyère dont il connait chaque arbre, chaque haie, chaque centimètre carré de terrain, chaque oiseau, comme cette pie qui est revenue s’installer du côté du hangar, ou les hirondelles qui ont annoncé le printemps la semaine dernière. «Ce qui me pèse le plus, c’est de ne plus savoir faire… Mais je peux encore voir et comprendre. Aider. Ma tête, elle, elle est toujours là. C’est important, d’avoir un but dans la vie, même si ce n’est plus pareil qu’avant.» Qu’avant cet AVC qui, en plein été 2021, lui a paralysé la moitié du corps et l’a forcé, du jour au lendemain, à arrêter de travailler et à repenser son agriculture. Depuis, celui qui enchaine les séances de kiné et de logopède par dizaines supervise, dirige et pilote son exploitation depuis sa chaise roulante… «Mon métier, ma vie, c’était l’agriculture» nous dit-il, le regard perdu dans la fenêtre. 

Des situations du genre, il y en a des centaines. Peut-être des milliers. Mais quand on nait dans l’agriculture, qu’on vit dans l’agriculture, qu’on fait de l’agriculture sa vie et sa passion, devoir la quitter pour faire le grand saut dans l’inconnu est tout sauf simple. Ils sont pourtant nombreux à l’avoir fait, et tout autant à avoir su rebondir.

«Je dois remonter sur mon tracteur, je dois aller traire»

«Même si l’agriculture est une passion, on peut toujours se passionner pour autre chose si on le veut, raconte le Thimisterien Christian Royen, son éternel sourire d’optimiste à la bouche.

Christian Royen

Lui aussi a dû arrêter du jour au lendemain. Pas à cause d’un AVC, mais d’une branche qui lui a fracturé le crâne en 2019. Un coma artificiel et 9h d’opération plus tard, les médecins et les infirmiers l’appellent «le miraculé». Il leur répond qu’il doit rentrer, qu’il doit remonter sur son tracteur, qu’il doit aller s’occuper de ses bêtes… Ce ne sera pas pour tout de suite. Il lui faudra 6 mois pour pouvoir reprendre la traite. «Heureusement qu’il y avait ma femme, mon père, mon frère, le service de remplacement…»

Mais si le physique suit, c’est une autre histoire du point de vue neurologique. «J’avais à peine organisé l’étable que j’étais bon pour me reposer. Et mon épouse devait venir m’aider pour la fin de la traite. Après j’étais K.O. pendant 45 minutes. Le problème, c’est que plus je fatiguais, plus je me sentais mal. Comme si j’allais tomber dans les pommes. Et ça m’arrivait souvent, 3 à 4 fois pendant la traite. Donc tu retravailles, mais tu angoisses tout le temps car tu as peur que quelque chose t’arrive. Tu te sens dépassé… Et ça te fatigue encore plus…» Christian va essayer, tant et plus. Puis, le jour de Noël 2021, il annonce qu’il arrête, 2 ans après l’accident. Qu’il ne sait plus continuer comme ça. «Pourtant, on se dit toujours que ça va aller. Mais ça faisait un an que j’y pensais… Quand on aime son métier, qu’on aime ses bêtes, qu’on a toujours fait ça, on n’a pas envie d’abandonner. Alors on se force. Mais à un moment, tu vois que si tu continues, tu vas exploser».

Benoit Renkens

Benoît Renkens a 51 ans. En 2023, il a arrêté son exploitation porcine. «Avec mon frère, on a fait tout ce qu’on a pu pour que ça continue. On a voulu produire plus. On a fait une diversification. On a amélioré la technique. Puis on a diminué le cheptel, on a réduit la charge salariale, on a tout fait pour un mieux, mais à un moment donné, il a fallu se rendre à l’évidence que ça n’allait plus.» Pourtant, l’exploitation porcine de Benoît était reconnue. Elle était pertinente, elle était performante. Mais elle a dû faire face aux crises, à la peste porcine, à la guerre en Ukraine, à la volatilité des prix… «Quand l’économique ne suit pas, on a beau être le meilleur possible, à la fin, ça use. J’ai perdu 20 kilos en quelques mois… Pourtant, on a tiré toutes les sonnettes d’alarme qu’on a pu. Mais à un moment donné, se lever la nuit pour perdre de l’argent… L’usure a eu raison de nous. Alors, un jour, on s’est assis au bord de la table et on s’est dit que ça n’allait plus.»

«Le jour où tu te rends compte que tu ne peux plus continuer, c’est tout ton monde qui s’écroule.»

Arrêter. Une décision qui n’a pas été facile à prendre pour l’éleveur de Blegny, en région liégeoise. «J’aimais ce que je faisais. Le jour où mes dernières bêtes sont parties, j’ai pleuré tout l’après-midi comme un gosse, nous raconte Benoît avec de l’émotion dans la voix. La fin a été compliquée. Elle a été dure. Mais à un moment donné il faut relever la tête du guidon…»

Une situation qu’a connue Sophie Cordier, elle qui avait fait du maraîchage un vrai projet de vie. «On a racheté une maison, des terres, on est passé d’une prairie à des cultures, on a mis en place un réseau d’irrigation, puis une serre, puis deux, puis trois… C’était toujours plus, plus, plus. Et il fallait financer tout ça, en plus des travaux de la maison qu’on retapait. On réinvestissait chaque euro gagné. On se disait sans cesse: "Cette saison-ci a été dure, mais ça ira mieux l’année prochaine. Ou celle d’après." On avait vraiment le nez dans le guidon en fait…»

Le projet n’arrête pas de se construire, d’évoluer, de s’adapter. Tout comme la vie qui va avec: «Quand on n’était pas en train de planter, on montait les serres. Quand on ne montait pas les serres, on retapait la maison. Et quand on ne retapait pas la maison, on s’occupait de la communication ou de la commercialisation. On n’arrêtait pas une minute. En fait, le projet a toujours été compliqué, y compris du point de vue financier.» Raison pour laquelle tout était toujours réinvesti. Pour en vivre, Sophie a d’abord gardé son emploi sur le côté, au début à temps plein, puis à mi-temps... Avant de rentrer elle aussi corps et âme dans un projet qui ne pouvait pourtant pas payer deux salaires. «Le projet grandissait, son chiffre d’affaires aussi, mais mon compagnon de l’époque n’a jamais pu avoir un salaire décent. On se disait qu’on n’était pas assez grand, qu’on n’avait pas la bonne chambre froide, qu’on n’avait pas encore assez de clients, qu’on devait trouver d’autres débouchés… On cherchait la bonne manière pour que ça fonctionne. On y pensait tout le temps. L’idée de se dire qu’il fallait peut-être arrêter était trop dure, on avait trop mis dedans. Quand 150% de ton temps et de ton esprit sont tournés vers ton métier, te dire que tu peux faire autre chose... Ce n’est pas possible. Tu es coincé là-dedans. Jusqu’au jour où tu te rends compte que tu ne peux plus continuer et là, ton monde s’écroule.»

«T’as 50 balais, pas de diplôme du supérieur, qu’est-ce que tu vas faire de ta vie?»

Les émotions sont toujours présentes quand Benoît Renkens raconte la fin de son aventure. Et pourtant, malgré les cassures dans la voix et les larmes aux yeux, le message est profondément positif. «On vit comme un échec le fait de ne pas pouvoir pérenniser la ferme de ses parents… Mais maintenant, je peux regarder tout le monde droit dans les yeux: j’ai réussi à rembourser mes dettes. Et ça, j’en suis fier. Mais quand on se retrouve devant un miroir à se dire "T’as 50 balais, pas de diplôme du supérieur, qu’est-ce que tu vas faire de ta vie?" C’est difficile. Nom de Dieu, t’as travaillé toute ta vie et tu risques de te retrouver sans rien… Mais ce n’est pas vrai. En tant qu’agriculteur, on ne se rend pas compte de notre valeur, de la valeur de notre expérience. Des gens m’ont dit: "Benoît, t’as une expérience, t’as un bagage inestimable!» Et d’entendre parler d’un poste à la Foire de Libramont, où Benoît reconnait avoir retrouvé une autre vie. «Et je m’y éclate», précise-t-il.

«C’est compliqué moralement et mentalement quand les choses deviennent concrètes. On voit tout un pan de sa vie partir définitivement… raconte Christian Royen. Le plus dur, ça a été quand les vaches sont parties… Avec la satisfaction quand même de se dire qu’elles partent pour continuer leur travail de vache, que j’avais un beau cheptel, que j’ai bien travaillé et que j’ai pu le valoriser.» Après avoir décidé d’arrêter, Christian va travailler 6 mois à la FWA avant de devenir commercial pour un marchand de machines agricoles de sa région. «Quand j’ai arrêté, je me suis dit que j’allais de toute façon trouver quelque chose à faire. Il ne faut pas oublier que dans le monde agricole, ce sont des gens débrouillards, qui touchent à tout, qui font de tout, que ce soit la plomberie, la machinerie… On peut toujours retrouver du travail, et ce dans beaucoup de domaines! Par contre, c’est plus compliqué de se dire qu’on va devoir travailler pour un patron après avoir été indépendant toute sa vie. Ça change, surtout quand tu as fait à ta guise pendant 30 ans…»

Léandre Leruth

Un avis que partage Léandre Leruth. Lui n’a pas pu se résoudre à travailler pour un autre. Il a essayé, pourtant. D’abord dans une librairie, puis comme livreur. Quelques années à tester la vie de salarié avant de faire le choix de la préretraite. «Tout en restant le plus actif possible, en étant bénévole sur le côté pendant 14 ans! Mais je ne me voyais pas travailler pour un autre… Travailler pour un autre, c’est compliqué quand on a été son propre patron.» Il faut dire que, quand Léandre doit arrêter pour raison médicale, «une décision logique, on ne va pas se tuer non plus», c’est la deuxième fois que l’homme doit quitter sa ferme. La première fois, c’était lors de l’agrandissement de l’aéroport de Bierset. Exproprié, il ne se voyait pourtant pas abandonner l’agriculture, quitte à déménager à Hotton: «Il faut dire qu’à part mon métier, je ne savais rien faire d’autre. Je savais travailler de mes deux mains, construire, bâtir… Mais à part ça?» Alors, devoir arrêter à nouveau, c’est difficile. Surtout quand on a déjà perdu trop de plumes. Mais quand le corps ne suit plus et que sa femme tombe malade, il arrête. «Un choix plus facile parce qu’on avait déjà vécu un arrêt aux Cahottes. Mais se dire à nouveau qu’on s’arrête, ça fait très mal.»

«Il peut y avoir un travail épanouissant qui ne soit pas toute la vie et une vie avec des choses dedans»

«2019 a été notre dernière saison à Nalinnes. Quand notre plus gros client a commencé à ne plus nous payer pour de fausses raisons, ça m’a foutu par terre, nous raconte Sophie. Ça m’a touchée dans mes valeurs, j’étais censée être au champ, mais à la place, je faisais des rappels de facture. Des milliers d’euros impayés. Ça peut sembler pas grand-chose, mais ça en fait, des salades…» Et quand arrive un second imprévu, coup sur coup, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. «On a tenu jusqu’aux vacances… On n’a jamais repris. La moitié des légumes étaient toujours au champ. On les a laissés pourrir. Je ne savais plus y aller, j’ai fait un énorme blocage à partir du moment où on a accepté que c’était la fin de l’histoire». Mais si Sophie arrive à en parler aujourd’hui, c’est parce qu’elle aussi a su rebondir.

Un rebond «subi, pas choisi» puisque le couple n’a pas un euro de côté. «Tu as juste envie de souffler, mais tu ne peux pas. Même pas deux mois après la fin du projet, je postulais partout». Et de vite retrouver du travail dans l’accompagnement agricole. Un vent nouveau qu’elle décrit comme cathartique, dans lequel Sophie vit la fin de son projet par procuration, au travers des autres, tout en apportant sa petite expérience aux porteurs de projet. «Le destin! J’ai fini mon projet de maraichage en accompagnant de nouveaux maraichers. J’ai pu faire le tour de la question. Quand j’ai eu mon congé de maternité, c’était la première fois que je m’arrêtais depuis des années. Ça m’a permis de me poser, de réfléchir et d’avoir envie de passer à autre chose.»

Puis de retrouver un autre emploi, toujours dans le monde agricole, après un passage réflexif par un coaching et une réorientation professionnelle. «Mon nouveau métier me correspond bien, je suis à la bonne place. Le coaching m’a permis de me rendre compte que j’étais bien dans le milieu agricole. Ça a quand même profondément du sens. Si je devais vendre des Tamagotchis, ça n’en aurait pas. Ici, mon travail est de nourrir la communauté!» Un changement qui lui a surtout permis de repenser sa vie et d’en faire un projet qui ne tourne pas juste autour du travail. «Je suis devenue maman! C’était inimaginable à l’époque. Je n’aurais pas eu le temps de m’occuper du bébé. Ça m’a pris du temps de me dire qu’il peut y avoir un travail épanouissant qui ne soit pas toute la vie et une vie avec des choses dedans. Maintenant, j’arrive à redégager du temps pour moi. J’arrive à retrouver du temps en dehors du travail pour développer des activités qui m’intéressent!»

«Il reste encore plein de chapitres à écrire»

Quant à Benoît Renkens, il se plaît beaucoup dans sa nouvelle vie. «Je n’aurais jamais cru qu’à 50 ans, je me retrouverais à organiser la plus grande foire d’Europe! Je me réjouis d’avoir la 2ème qui arrive. Échanger avec mes collègues, parler vacances, parler de choses non agricoles, c’est nouveau pour moi. Et on se rend compte que c’est gai de travailler, mais qu’il y a autre chose à côté, qu’il y a une vie, qu’il y a des choses à voir. Et qu’il n’est pas trop tard pour les vivre quand même.» Et quand le moral va, tout va! Benoît a retrouvé le sourire, il a repris du poids, repris du plaisir à vivre. «Mes amis me le disent! Ils me disent que je vais mieux depuis que je suis à Libramont, qu’on a retrouvé le Benoît souriant qu’on avait perdu.» Et si rester dans le monde agricole n’était pas une absolue nécessité pour l’ancien éleveur de porcs, il est très content de garder plus qu’un pied dans le milieu puisque cela lui permet de pouvoir valoriser son expertise. Lui aussi est passé par une phase de réorientation professionnelle. Elle l’a conforté dans son amour du monde agricole, mais aussi dans l’importance du social, chose qu’il a retrouvée dans son emploi comme chargé de relations et projets agriculture pour la Foire de Libramont. «On se dit souvent que ça va aller mieux demain. On est trop souvent dans le déni. Ce qui est important, c’est de pouvoir en parler, de pouvoir demander conseil autour de soi. À la famille, à son banquier, à son conseiller… Il faut pouvoir regarder ce qui se fait autour de soi et ne pas être borné car il peut y avoir une autre vie sur le côté. Et surtout, il faut éviter le drame du geste ultime. On n’en parle pas assez… C’est important. Ça m’a traversé l’esprit, mais c’est con. Des solutions, il y en a toujours, quel que soit le problème!»

Un avis que partage Christian Royen, lui qui a pu s’appuyer sur un psychologue pour rebondir. « Il m’a aidé à prendre la décision d’arrêter. Il a réussi à me faire comprendre que je pouvais faire autre chose, que je pouvais valoriser mes compétences et retrouver la qualité de vie que j’avais perdue.» Et celui qui préfère voir le verre à moitié plein d’ajouter, tout sourire: «J’aime ma vie! Quand tu as frôlé la mort, tu vois la vie autrement. Il ne faut pas gâcher ce qu’on peut encore faire, ce qu’il te reste à vivre, il faut en profiter pleinement. Même si l’important n’est peut-être plus là où il était. Il faut toujours rester optimiste plutôt que de s’enfoncer, il peut y avoir une autre vie!»

Et Benoît Renkens de conclure: «Les anciens agriculteurs ont des compétences et quelqu’un pourrait toujours en avoir besoin. Il faut valoriser ça. Moi, j’ai un vécu et j’ai eu la chance d’avoir bien rebondi. Alors si quelqu’un veut me contacter, si quelqu’un veut en parler, ma porte est ouverte. Je veux être là pour les autres. Il ne faut pas renier ce qu’on a fait. On l’a bien fait… Mais parfois, il faut tourner la page. Ça ne veut pas dire fermer le livre, mais simplement tourner la page, car il reste encore plein de chapitres à écrire! On peut reconstruire quelque chose. Il y a un demain. Vraiment!»

Agricall: «Psychologiquement, c’est essentiel de pouvoir en parler»

En parler, une chose si simple et pourtant si difficile. «Humainement parlant, ça peut être compliqué de reconnaitre qu’on a un problème, nous raconte Laurence Leruse, coordinatrice de l’ASBL Agricall. Surtout pour des indépendants ou des agriculteurs. C’est compliqué de parler de son problème quand ce sont des questions assez intimes, quand on remet sa carrière en doute. Mais en parler, à la famille, à nous (Agricall), à son comptable, à son avocat, c’est important.» C’est pourquoi une structure comme Agricall, au-delà du service d’écoute, met son expertise dans de nombreux domaines au service des agriculteurs. «L’important, c’est d’objectiver la situation, nous explique Laurence Leruse. Surtout pour des agriculteurs qui n’ont pas toujours le réflexe de se tourner vers l’extérieur, qui pensent toujours pouvoir s’en sortir seul. Mais il est important non seulement de dédramatiser la démarche, de demander conseil, mais aussi de se rendre compte que ce qu’on vit, d’autres l’ont vécu avant nous.» Une étape importante dans un processus qui peut s’apparenter à un deuil pour certains. «Et personne n’a envie de vivre seul un deuil. On a beau être aussi fort qu’on veut, c’est tout à fait normal d’avoir besoin d’être accompagné et soutenu quand on change d’orientation ou de projet de vie. Psychologiquement, c’est essentiel de pouvoir en parler. Penser à l’avenir, ce n’est possible qu’à partir du moment où on est en paix avec son passé.» Et là où Laurence rejoint Benoît, Christian ou Léandre, c’est sur l’importance de la valorisation du savoir des agriculteurs. «Ils ont souvent peu conscience de leur propre potentiel. Ils sont nombreux à se dire qu’ils ne savent rien faire d’autre qu’être agriculteur. Mais quand on liste toutes les compétences que ce métier requiert et qu’ils maitrisent parfaitement, ils se rendent compte de leurs compétences. Ça ouvre des champs des possibles vers d’autres métiers.»

Pour contacter Agricall : 0800/85.0.18