Le BBB, un exemple de durabilité

Ces lundi et mardi, la Présidence belge de l’Europe, occupée par la Belgique en ce début d’année 2024, avait inscrit au programme une rencontre informelle de l’ensemble des ministres européens de l’agriculture et du commissaire européen de cette matière, Janus Wojciechowski. L’une des étapes de ces deux jours de réunion a mené nos édiles vers le petit village de Les Waleffes, à la découverte des multiples avantages de l’élevage familial wallon et de la race Blanc-Bleu belge, présentée comme un exemple de durabilité.

Olivia Leruth

Même le bourgmestre avait sorti son écharpe mayorale pour se diriger vers le magnifique bâtiment historique de la ferme de Manu Laruelle.

C’est une organisation plutôt inhabituelle qui agitait le village habituellement paisible de les Waleffes ce lundi matin. Routes barrées, police omniprésente… Même le bourgmestre avait sorti son écharpe mayorale pour se diriger vers le magnifique bâtiment historique de la ferme de Manu Laruelle.

Au programme : la visite d’une délégation composée du Commissaire européen à l’agriculture, Janus Wojciechowski, des ministres européens compétents en la matières et de leurs staffs respectifs. Ajoutez-y une vingtaine de journalistes, quelques officiels, des représentants de l’AWE et des bénévoles pour l’organisation de la journée, et vous obtenez plus de 150 personnes occupées à fouler avec entrain les couloirs d’alimentation sous l’œil attentif de vaches étonnées mais visiblement peu dérangées…

Immersion dans la réalité de l’élevage wallon

C’est qu’elles ont l’habitude de voir du monde, les vaches de Manu ! Elles lèchent les doigts des enfants lors des journées fermes ouvertes, elles ravissent les locaux lors des célèbres portes ouvertes de la ferme, et elles saluent d’un coup de tête les nombreux visiteurs de passage venus admirer l’élevage familial wallon et ses nombreux atouts.

Marie-Hélène Buron, Responsable communication à l'AWE

Et pour les mettre encore mieux en valeur devant ces grands noms de la politique européenne, l’éleveur s’est tourné vers le professionnalisme de l’AWE. Marie-Hélène Buron, chargée de communication de l’AWE, s’est dès lors chargé de la mise en place d’un parcours didactique en anglais pour découvrir les différents aspects de l’élevage wallon. « C’est une occasion que l’on ne pouvait pas manquer » explique-t-elle, « cette visite nous permet de mettre en avant toutes les spécificités de notre élevage wallon et ses atouts : le pâturage, le lien au sol et la faible empreinte carbone de nos élevages, le côté utile de nos bovins pour la société mais aussi la technicité et l’efficacité, notamment alimentaire, de notre élevage wallon ». 

Et pour illustrer ces matières, plusieurs panneaux avaient été disséminés sur la ferme pour illustrer ces techniques avec des exemples concrets pris sur la ferme, notamment en termes de ration d’engraissement, constituée principalement d’ingrédients soit en provenance de la ferme soit d’origine locale, de soins donnés aux veaux avec des niveaux élevés de biocontrôle et de biosécurité, ou encore de conformation des animaux.  

Une visite de terrain bien loin des clichés sur l’élevage, donc, et qui aura en tout cas marqué l’esprit du commissaire européen à l’agriculture. En effet, le polonais Janus Wojciechowski a pris la peine de venir féliciter le maître des lieux pour l’organisation, ravi d’avoir pu apprendre autant de choses en si peu de temps. « Il m’a même demandé comment il pouvait faire pour soutenir des élevages comme le nôtre » s’est réjouit Manu. En cette heure de grogne agricole généralisée, nul doute que cette requête n’est certainement pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Le Blanc Bleu belge, une race d’avenir pour la durabilité

Si la visite avait pour but de promouvoir les atouts du modèle d’élevage familial wallon en général, qu’il soit laitier ou viandeux, un point d’attention a été porté à la mise en avant de la race Blanc Bleu Belge.

Christiane Lambert, Willy Borsus, Janus Wojciechowski et David Clarinval

Car notre race nationale pourrait bien avoir un fameux rôle à jouer à l’avenir dans la recherche de plus de durabilité, notamment dans les fermes laitières ! On l’oublie trop souvent, si le BBB reste majoritairement belgo-belge à quelques exceptions près, il s’exporte pourtant plutôt bien, en particulier grâce à ses excellents résultats dans les croisements. Selon les chiffres avancés lors de son allocution par le Ministre wallon Willy Borsus, la Belgique serait même le 3ième exportateur mondial de génétique.

Simon Noppen, de la société Belgian Blue Group (BBG, société créée par l’AWE et la Coopérative de Flandre et des Pays Bas pour la vente de produits génétiques de race Blanc Bleu Belge) explique cet attrait de la race par ses atouts en terme de rendement carcasse. « La race Blanc Bleu est une option idéale pour les éleveurs qui voudraient ajouter de la valeur à leur troupeau. Pour une ferme laitière classique, on peut en effet décider de croiser les vaches les moins productives avec du Blanc Bleu Belge, ce qui permet d’obtenir un veau avec nettement plus de valeur ». Un croisement qui, de plus, n’engendrerait pas forcément de vêlage plus compliqué, puisque selon les chiffres avancés par la société, 95% des vêlages issus de ce croisement seraient considérés comme des vêlages faciles, contre 97% dans le cas de vaches laitières sans croisement.

Dernier avantage, et non des moindres à l’heure actuelle : les retours d’expériences avancés par l’AWE et la société BBG tendent à démontrer que les émissions de méthanes de ces croisements seraient inférieures (par kilo de viande produite) à celles d’autres races viandeuses. Une médaille de plus à ajouter à notre Blanc Bleu national !

Retour en Flandres pour la suite de la réunion

Le programme des élus européens s’est poursuivi par une visite horticole l’après-midi en Flandres, puis une rencontre avec les différentes organisations agricoles à Genk ce mardi matin.

Les organisations agricoles ont été reçues ce mardi à Genk

Etienne Ernoux, représentant de la Présidente de la FWA, et Thomas Demonty, Conseiller en productions animales, y étaient pour y exposer des pistes de solutions pour l’instauration d’une éventuelle loi sur les prix, en partie dérivée de la loi Egalim française. Un projet sur lequel la FWA travaille maintenant depuis plusieurs années.