La foire de Libramont s’est clôturée ce lundi soir sur une note pluvieuse mais riche en rencontres, en discussions animées, en témoignages, tous plus touchants les uns que les autres, en petits couacs aussi, sans lesquels Libramont ne serait pas Libramont… Mais cette foire aura surtout été riche en engagements, en particulier celui d’entrer, tous ensemble, dans l’ère de l’agri-respect, un concept qui a trouvé pas mal de résonnance tant auprès des agriculteurs qu’auprès des représentants politiques de tous bords.
Il faut dire que l’agriculture vient de connaître une année difficile : la finalisation et la mise en place de la nouvelle PAC ont été éprouvantes pour tout le monde. Inutile de rappeler ici la bataille que la FWA a dû mener souvent seule pour faire évoluer le système qui avait été mis en place et qui, au vu de ses nombreuses conséquences collatérales, mettait à mal la viabilité de nombreuses fermes wallonnes.
Si l’on peut se réjouir de certains acquis, le combat syndical mené avec les agriculteurs continue et je sais que je peux, que la FWA peut compter sur vous!! Et pour cela, je tiens à adresser aux élus, aux équipes de la FWA et à tous ceux qui s’y sont impliqués avec courage et détermination, mes plus sincères remerciements. Ces résultats sont les vôtres, et ils posent les jalons de l’agriculture de demain, celle dont nous rêvons tous pour nos enfants.
Comme je l’ai dit lors de l’inauguration de notre stand, ce qui reste le plus pesant pour l’agriculteur aujourd’hui, c’est la dualisation. Entre environnement et production, entre lutte contre le dérèglement climatique et agriculture. Ce qui est difficile à vivre pour nous, agriculteurs, c’est cette impression que dans la tête de certains, si l’on est agriculteur, on est forcément dans la case des conservateurs. Ceux qui restent dans leurs pratiques d’il y a 30 ans, qui veulent produire, toujours plus, à n’importe quel prix, et qui sont forcément insensibles au dérèglement climatique, voire carrément climato-sceptiques. C’est faux, archi-faux évidemment !
L’agriculture bouge, l’agriculture vit, elle se réinvente chaque jour – et depuis la nuit des temps - devant les aléas de la nature. Oui, notre agriculture familiale wallonne est déjà dans le changement et la transition, mais elle a plus que jamais besoin de sentir que les règles qu’on lui impose, elles sont prises AVEC les agriculteurs, et pas SANS eux ou pire, CONTRE eux.
Cela nécessite un accompagnement dans le changement, via la participation des organisations agricoles, par la négociation, mais aussi par des politiques engagées POUR l’agriculture.
Plutôt que de dire « il est temps de s’y mettre », nous avons besoin de voir une reconnaissance de ce qui a déjà été fait et de ce qui est en cours. Plutôt que de dire « mangez moins de viande, le monde s’en portera surement mieux », nous avons besoin de pragmatise, d’études d’impact et d’évaluations scientifiques. Plutôt que de dire « il faut interdire ceci ou cela », nous avons besoin d’investissements dans la recherche pour élargir la boîte à outils de l’agriculture. Plutôt que de dire « il n’y a qu’a, il faut que », il faut se rappeler qu’il y a ceux qui disent et qu’il y a ceux qui font, investissent, travaillent et prennent les risques financiers.
Lors de cette édition 2023, nous avons proposé à nos représentants politiques (et à quelques partenaires) de signer notre manifeste pour la restauration de la confiance entre politique et agriculture, dans l’idée de reconstruire du lien dans notre société et de remettre enfin l’agriculture au cœur de celle-ci. Et les réactions ont largement dépassé nos espérances ! Le concept d’agri-respect s’est ainsi vu repris dans de nombreux échanges et déclarations tout au long des évènements de la Foire 2023, et constituera, j’en suis certaine, une base solide pour la restauration d’un lien durable entre tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans les discussions au sujet de l’agriculture.
Bien sûr, nous ne sommes pas encore prêts à fêter un adieu ferme et définitif à l’agri-bashing, mais nous avons, c’est certain, avancé d’un pas dans la bonne direction.
A nous de poursuivre, ensemble, agriculteurs, organisations agricoles et politiques, ce travail pour la reconnaissance de notre métier, sans aucun doute l’un des plus beaux qu’il soit !
