Pleinchamp : La COP28 s’achève à Dubaï sur un sentiment d’échec. Pensez-vous que cela puisse influer, dans le sens d’un rehaussement, sur les objectifs de la politique environnementale européenne?
David Clarinval : «Donc ça voudrait dire que puisque le reste du monde s’arrête, nous voudrions courir plus vite! Faut arrêter de vouloir être plus catholique que le pape. Une tendance qu’on voit en Europe, mais aussi plus singulièrement en Belgique. Et résultat, nous sommes les seuls à appliquer des normes inapplicables, à nous mettre des contraintes qui sont tellement contraignantes que des entreprises quittent l’Europe et nos agriculteurs sont confrontés à des techniques de production non rentables. Veut-on subir le dumping environnemental des autres continents ? Je ne le pense pas. Au contraire, nous sommes les plus ambitieux du monde, restons-le. Et essayons le reste du monde de nous rejoindre.
Il faut un peu de réalisme, un peu de pragmatisme, on doit aller vers un développement durable, mais si on n’a pas les clauses miroirs, si le reste du monde ne nous suit pas, alors nous risquons de mourir tout seul dans notre coin… tandis que cela n’aura rien changé tant notre quote-part est négligeable face à l’Inde ou à la Chine».
Pleinchamp : le « pragmatisme », qui est souvent revenu dans vos propos, sera-t-il le maître-mot de votre présidence ?
David Clarinval : «le pragmatisme, c’est le bon sens paysan. Moi, je suis un paysan. Et je pense qu’il faut d’abord travailler avec du bon sens et du pragmatisme avant de vouloir faire des choses qui sont inatteignables. Faisons les choses étape par étape, convenablement, essayons d’aboutir sur des éléments qui sont atteignables et ne mettons pas la charrue avant les bœufs».