Le couronnement de la success story

Leader européen dans la construction de remorques agricoles et autres matériels d’épandage des produits de la ferme, la société Joskin fête cette année ses 55 ans. Et quoi de mieux pour souffler ses bougies qu’une visite du couple royal sur le site névralgique de Soumagne. Le «couronnement» d’une «success story» initiée par Victor Joskin, un patriarche encore très présent. «C’est surtout un succès collectif» corrige l’intéressé, le regard empli de considération pour ses proches et l’ensemble de ses salariés.

Ronald Pirlot

L’émotion était palpable, ce jeudi 05 octobre, dans la voix de Victor Joskin. «C’est un immense honneur de recevoir les souverains» confie-t-il quelques minutes seulement avant d’accueillir le Roi Philippe et la Reine Mathilde au sein de l’usine historique de Soumagne. Bien que comptabilisant près de 900 salariés dans ses cinq sites de production à travers l’Europe et étant à l’initiative du leader européen des remorques et matériels d’épandage agricoles, ce self-made man n’en reste pas moins attaché aux principes fondamentaux des gens de la terre. Le goût de l’effort, l’abnégation au travail, la recherche de l’excellence et le pragmatisme. Mais aussi un profond humanisme dans ses rapports aux autres. Il n’y a pas l’once de condescendance dans ses propos. Juste – et c’est déjà beaucoup – la sagesse de celui qui sait pourquoi, et surtout pour qui il travaille: ces agriculteurs dont il connait les attentes. Ce lien à la terre, encore et toujours! Là où tout a commencé pour lui… «Mon père était agriculteur. J’ai d’ailleurs repris l’exploitation. Avec la société et la chasse, elle constitue l’un de mes trois hobbys».

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Cette visite royale s'est conclue avec une photo en compagnie des 400 salariés du groupe en Belgique

Début en 1968

Une aventure qui a démarré en 1968 par le lancement d’une entreprise de travaux agricoles. Très vite, il conçoit l’importance de disposer de ses propres pièces de rechange, qu’il produit sur place. C’est ainsi que débutent en 1973 les activités de commerce et de réparation des machines agricoles. Aujourd’hui, plus de 80% des pièces qui composent les machines sont d’ailleurs usinées à Soumagne.

La «success story» familiale est en marche. Le nom Joskin et les couleurs mêlant le vert, le jaune et le gris, va progressivement inonder les chemins et les terres de nos vertes campagnes. «J’ai eu la chance d’être directement soutenu par mon épouse, Marie-José, et d’être entouré de personnes extrêmement compétentes, qui en voulaient autant que moi. Sans eux, nous n’en serions pas là» confie-t-il avec cette modestie empreinte de respect pour ses collaborateurs. Ne comptez d’ailleurs pas sur lui pour se mettre en avant. «C’est avant tout une œuvre collective. Il me suffit de revenir le week-end pour terminer un travail et voir les ateliers, ici ou en Pologne, complètement vidés du personnel pour m’en rendre d’autant mieux compte. Seul, on n’est rien!»

Société familiale

S’il a désormais délégué une partie des rênes de la société à ses trois enfants – Vinciane, Didier et Murielle -, sur lesquels il porte un regard plein de fierté, Victor n’en reste pas moins très impliqué dans la vie de l’entreprise. «Je m’attèle désormais à des tâches plus ciblées dont je ne me pouvais m’occuper, faute de temps, par le passé». Ainsi peut-on le croiser dans les travées du département marketing ou, plus récemment, au sein de l’équipe de développement. Avec, à chaque fois, les maîtres-mots de qualité, mais aussi de réflexion centrée sur l’utilisateur final. «Mon rapport avec la terre me permet de saisir rapidement ce qui est le mieux pour l’agriculteur. Des projets pour lesquels je prône souvent la simplification au profit de l’efficacité». Victor continue également à s’occuper de l’achat de l’acier qui constitue, on peut s’en rendre compte, un poste éminemment stratégique. «Cela représente grosso modo 20.000 tonnes achetées par an, déclinées en 60 aciers différents».

Souverains intéressés

De quoi fourmiller d’informations à partager avec les souverains tout au long de leur heure de visite des installations de Soumagne. Lesquels sont passés par les différentes étapes – développement, usinage, découpe laser, stockage des pièces, soudure, pliage, peinture, ligne de montage, zone de test… Avant de s’adonner à une photo de famille avec les 400 collaborateurs belges entourant le couple royal.

«Ce fut très rapide. Les souverains se sont montrés très intéressés, mais aussi surpris par l’importance du matériel» confiait, à chaud, Victor Joskin, avant de conclure : «cette visite, ce n’est pas un aboutissement en soi tant il nous faut sans cesse porter notre regard vers l’avenir, mais une consécration du travail que nous menons. On ne pouvait pas rendre un plus grand honneur à l’ensemble du personnel». Une dernière parole marquée du sceau du collectif.

Bientôt un 6e site au Luxembourg
Le Roi et la Reine ont visité les ateliers, guidés respectivement par Didier et Victor Joskin

A l’heure actuelle, l’entreprise Joskin emploie 900 personnes à travers ses 5 sites de production en Europe. A savoir à Soumagne, le site historique, mais aussi Trzcianka (Pologne), La Vieille Lyre (France), Bourges (France), Spaw Tech à Andrimont (Belgique).

Un sixième site est actuellement en projet au Luxembourg, à Esch-sur-Alzette. Le permis de construire a été délivré.

Parmi les futurs projets de l’entreprise figure en bonne place l’agrandissement des infrastructures pour poursuivre une expansion que Victor Joskin juste inéluctable. «Ce sera à Soumagne ou, si ce n’est pas possible, en Pologne. A nos politiques de décider» prévient, malicieusement, Victor Joskin.

Une gamme de 400 machines exportée dans 60 pays
Didier et Victor Joskin entourent le couple royal

Remorques, tonneaux à lisier, aérateurs de prairies, épandeurs de fumier, caisses d’ensilage, bétaillères, hydrocureuses… La gamme complète se compose aujourd’hui de 400 machines de base. Une obligation pour être concurrentiel sur la sphère internationale. «Lors d’un de mes premiers voyages en Russie, j’ai découvert que les tractoristes exigeaient des concessionnaires se limitant à 3-4 fournisseurs au maximum. Si vous ne proposez pas une gamme complète, vous pouvez oublier d’intéresser ces gros concessionnaires» explique Victor Joskin. Aujourd’hui, l’entreprise exporte de manière régulière ses produits dans 60 pays différents, et plus sporadiquement dans des pays comme les Etats-Unis. Une société qui ne compte pas s’arrêter en si bonne route.