Kesako?

Agri’culture revient cette semaine pour vous expliquer tout sur la pratique de la césarienne chez nos amies les vaches.

Et mais en fait, c’est quoi au juste une césarienne ? Et d’où vient ce mot qui sonne comme venu d’une autre époque ?

La césarienne, c’est une incision chirurgicale qui permet d’extraire un nouveau-né de l’utérus maternel (Larousse). Chez la vache, l’incision est pratiquée sur le flanc gauche de l’animal, pour des raisons anatomiques et notamment l’organisation des organes internes. Le nom de cette opération chirurgicale aurait deux origines possibles. La première hypothèse est que le mot découlerait du mot latin « caedere » qui signifie « couper ». La deuxième donne pour origine au nom de l’opération une loi, la « lex caesarea » qui légalisa cette pratique à l’époque romaine.

Pourquoi la pratique-t-on ? Comment ? Dans quelle mesure ? Vous aurez réponse à toutes ces questions que vous avez peut-être déjà pu vous poser.

Césarienne

Pourquoi la césarienne ?

Acte chirurgical le plus pratiqué en médecine vétérinaire rurale dans nos régions, la césarienne n’est pourtant utilisée qu’en cas d’absolue nécessité. Les cas les plus fréquents indiquant le recours à la césarienne sont les suivants : les disproportions foeto-maternelles (autrement dit, quand la taille du veau est disproportionnée par rapport à la taille du bassin de la maman), la non-dilatation du col de l’utérus, une torsion utérine, une malformation, un veau mort ou encore une mauvaise présentation du veau (dorsale, transverse ou en siège) pour le vêlage par voies naturelles.

Certaines races, comme la Blanc-Bleu-Belge ou la Charolaise, sont prédisposées à nécessiter une césarienne dans la plupart des cas, à cause de la taille trop importante du veau pour passer par le bassin. Dans le cas de la Blanc-Bleu-Belge, près de 100 % des vêlages requièrent une césarienne. Cependant, cet acte chirurgical reste globalement rare car il représente moins de 10 % des naissances bovines.

Vous l’aurez compris, la césarienne n’est donc pratiquée que quand cela s’avère absolument nécessaire et ce dans le but d’assurer un maximum de sécurité et de bien-être, tant pour la vache que pour le veau.

La césarienne reste un acte chirurgical

Comme pour toute opération chirurgicale, il existe des risques de complications (entre 2 et 5% selon Hanzen). Cependant, ceux-ci sont à contraster avec les risques encourus en cas de non-recours à l’opération car toute augmentation du temps de vêlage signifie une augmentation de l’engagement du pronostic vital du veau et donc un risque pour sa vie. Plus le vêlage dure, plus le cordon ombilical est compressé, entraînant une privation d’oxygène pour le petit et avec elle une acidose métabolique qui peut amener des conséquences irréversibles pour le système nerveux du nouveau-né.

Le bien-être de nos amies les bêtes n’est pas impacté

Lors de la césarienne, on administre au préalable à la mère un anesthésique local, ce qui permet à la vache de ne pas être totalement anesthésiée et de continuer à ruminer. La rumination est un signe de bien-être chez les bovins. Pour le veau, la césarienne est synonyme de moins de souffrance lors de sa naissance car elle lui évite d’être compressé dans le bassin et de manquer d’oxygénation tout en permettant une sortie plus rapide.

De plus, pour effectuer une césarienne, la vache se situe toujours dans un endroit propre et repaillé (on lui refait une litière de paille propre) et les principes de base d’hygiène sont scrupuleusement respectés. Une fois le veau né, son mufle est nettoyé et l’agriculteur se charge de le mettre dans une position où le liquide qui se trouve dans sa trachée et ses bronches peut s’évacuer. Pour chouchouter le veau et le mettre dans les meilleures conditions possibles, il est également séché avec de la paille et placé sous une lampe chauffante par grand froid. Il reçoit également son colostrum (premier lait maternel) dans les plus brefs délais pour commencer sa vie avec plein d’énergie et les anticorps dont il a besoin.

Quelques chiffres

500.000 : c’est le nombre moyen de césariennes effectué en Belgique par année (Hanzen, 2010)

0,2 % : le taux de mortalité causé par la césarienne, celui-ci est donc très bas (Hanzen, 2010)

Moins de 10 % : des naissances bovines se font par césarienne

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Césarienne sur vache

La Belgique porte le maillot jaune

Soyons pour une fois un peu chauvins et notons que la Belgique est reconnue pour son savoir-faire en matière de césarienne ! Nos vétérinaires disposent de compétences inégalées dans le monde en raison de la forte proportion de la race Blanc-Bleu-Belge dans notre pays et donc du nombre important de césariennes qu’ils sont amenés à pratiquer. Nombreux sont les collègues français des vétérinaires belges qui viennent d’ailleurs se former à cette pratique dans notre plat pays.