Communiqué de presse - Les Engagés

Directive IED - Emissions industrielles

L’agriculture wallonne,  européenne, n’est pas industrielle !

La Commission européenne doit arrêter d’étouffer nos agriculteurs.

 

Ce mardi, le Parlement européen votera sur une révision de la directive relative aux émissions industrielles. Cette directive s’applique également - et curieusement - à l’agriculture. En tant que rapporteur pour la Commission Agriculture, Benoit Lutgen, Député européen, tire la sonnette d’alarme : « L’agriculture n’a rien à faire dans cette directive, qui concerne les cimenteries, les incinérateurs, le secteur pétrolier, ... A proprement parler, l’agriculture est le secteur primaire, pas secondaire. Cela témoigne à nouveau d’un mépris envers ceux qui chaque jour nous nourrissent », analyse Benoit Lutgen. « Cette manie de confondre agro-industrie et production agricole familiale frôle l’amateurisme de la part de la Commission. Ou le machiavélisme ».

Une directive néfaste pour l’agriculture familiale

Aujourd’hui, cette proposition de révision de la directive souhaite l’élargir aux bovins, dès 150 vaches laitières (UGB). Pour les porcs et les volailles, la valeur est abaissée, et passe de 750 à 300 pour les truies, et de 40 000 à 1000 pour les poules. A titre d’exemple, en Wallonie, on passerait de 81 fermes à 2 100 entreprises qui devraient mettre en œuvre ces nouvelles obligations.

 

Pour chaque catégorie, les « meilleures techniques environnementales disponibles » devraient être mises en œuvre. « Outre que cette (non) définition des techniques est absolument inadéquate et ouvre le champ à de nombreuses interprétations de la part des autorités sanctionnantes, on arrive ici jusqu’à toucher les exploitations agricoles qui font de la diversification de leur production. Un non-sens» pour Benoit Lutgen. Concrètement, des fermes qui élèvent différents animaux (volailles, porc, bœuf), en-dessous de ces plafonds seront concernées car les chiffres s’additionneront.

Des coûts impayables... et le renforcement de l’agro-business

Concrètement, par exemple, ces exploitations devraient préparer un «rapport de base» comprenant des analyses d’échantillons de sol, pour un coût estimé à 10 000 € et pour, possiblement démontrer... qu’il n’y a pas de pollution... Le coût pour l’implémentation d’un système « purifiant » pourrait monter jusqu’à 80 000 €.

 

Les coûts financiers et administratifs seront d’abord insupportables pour les plus petites exploitations et ceux qui font de la diversification à petite échelle. Seules les toutes grosses structures auront la capacité technique, administrative et financière d’absorber ces nouvelles obligations.

 

« Ce coût - pour lequel aucun financement n’est prévu, est colossal, pour un bénéfice environnemental faible, voire nul », détaille le Député. « Ce qui est clair, par contre, c’est qu’il va encore décourager toute une série d’agriculteurs. A l’heure actuelle, déjà un agriculteur sur 2 de plus de 55 ans cherche un repreneur sans y arriver. Avec ce genre de décision, c’est tout un secteur que l’on va encore davantage étouffer ». C’est donc vers une concentration des exploitations que l’on se dirige, soit des fermes toujours plus grandes« Alors que cette directive entend édicter des normes pour l’agro-industrie, elle crée surtout, de facto, les conditions pour faire émerger cette agriculture démesurée, au détriment de celle que l’on connait encore dans nos villages : familiale, à petite taille et de grande qualité ». L’agriculture risque de se retrouver concentrée aux mains de quelques-uns, agro-industriels et transformateurs, eux qui auront les moyens de mettre en œuvre les règles envisagées.

Le serpent qui se mord la queue

Benoit Lutgen pointe également le bien-être animal : « Aujourd’hui, en Wallonie, les vaches vivent en prairies. Demain, que voulons-nous ? Qu’elles soient enfermées jour et nuit dans des bâtiments avec purificateurs d’air ? C’est un détricotage sans nom de nos normes de grande qualité sur le plan du bien-être animal, au profit d’une illusion d’action pour l’environnement ».

 

Sous prétexte d’agir, on va vers une standardisation de la production, avec le risque de devoir, à terme, importer pour répondre à la demande de la population - importer à des normes sanitaires, environnementales, de bien-être animal... moins strictes, tout en explosant l’empreinte carbone mondiale.

 

Il est incompréhensible que la Commission européenne ne cesse de mettre des normes supplémentaires sur le dos des fermes familiales, avec une énergie hors du commun.

 

Il est urgent que la Commission dépense prioritairement son énergie à protéger nos frontières, et veille à ce que les importations agricoles respectent les mêmes normes environnementales, sanitaires et de bien-être animal que celles imposées aux agriculteurs européens. C’est une question de concurrence loyale, de protection du consommateur européen et de respect de nos agriculteurs.

 

Benoit Lutgen se réjouit que la Commission Agriculture du Parlement européen partage très largement son point de vue et met tout en œuvre pour convaincre un maximum de parlementaires de soutenir les amendements déposés par celle-ci, notamment pour exclure les bovins du champ d’application.