Un modèle de longévité

Avec ses 24 ans d’existence, Coprobel constitue un modèle de longévité dans le secteur des coopératives. La maison mère des poulets labellisés «Coq des Prés» a su faire face aux aléas commerciaux et se réinventer, grâce à une cohésion et un sens développé de l’intérêt du collectif de sa quarantaine de producteurs-coopérateurs. Désormais seule aux manettes de toutes les étapes de sa filière, la coopérative a toutes les cartes en main pour gérer son avenir.

Ronald Pirlot

Créée voici 24 ans par 7 éleveurs de poulets, la coopérative «Coprobel» basée à Fernelmont s’érige en modèle de réussite. Des 200 à 300 poulets du début, la production est passée aujourd’hui à 10.500 poulets écoulés par semaine. Et les producteurs-coopérateurs sont désormais une quarantaine, rassemblés sous la bannière «Coqs des prés».  

Dire que tout fut un long fleuve tranquille durant ce quasi quart de siècle d’existence serait toutefois trahir la vérité. Faillite de l’abattoir où était initialement acheminée la production, rupture unilatérale du contrat par son principal client de la grande distribution, décision de se réorienter dans la production bio, création de la marque «Coq des prés» et instauration d’un réseau de distribution locale, gestion de l’après-Covid… sont autant d’étapes importantes que Coprobel a pu franchir avec panache grâce à son sens du collectif jamais démenti.

Approche collectif et non individualiste

Julie Elias, la directrice de la coopérative, ne cache d’ailleurs pas que l’un des principaux écueils serait l’émergence d’une prédominance de l’intérêt individuel au détriment de l’approche collective. «Il faut également avoir en tête que le modèle coopératif s’érige sur le principe d’une gestion globale et équitable par les membres de leurs trois casquettes : celle d’actionnaire, celle de producteur et celle de client. Si le prix de l’alimentation augmente, il nous faut pouvoir le répercuter» explique-t-elle.  

Quant aux avantages du modèle coopératif, ils ont évolué avec le temps. «Initialement, l’idée était d’effectuer des économies d’échelle pour tout ce qui était logistique, comme l’achat des volumes d’alimentation ou les discussions avec l’abattoir. Aujourd’hui, l’atout se porte davantage sur la cohésion du groupe qui a su se fédérer, échanger sur ses pratiques, développer son réseau de point de vente à la ferme…».

Séduite par le discours de Coopagri

Une logique qui préside à l’adhésion de Coprobel dans Coopagri. «Nous avons été séduits par le discours et cette idée d’éleveurs se regroupant entre eux, échangeant les bonnes pratiques… Mais aussi de pouvoir être encadrés par une structure et des personnes bien au fait des réalités du secteur coopératif».  

Un encadrement d’autant bienvenu que Coprobel dispose désormais de toutes les cartes en main quant à sa destinée. Consciente de la fragilité d’une relation basée sur un seul client, la coopérative a en effet décidé de s’en affranchir. Depuis quelques semaines, elle a repris totalement la mainmise des rênes de la filière. Une évolution qui s’accompagne sur le terrain par une implication croissante de chacun au sein de la coopérative. Laquelle sait, une fois de plus, que le succès sera avant tout l’œuvre du collectif. Le principe même qui régit la logique d’une coopérative…