La question du revenu est et reste le sujet de préoccupation majeur dans nos exploitations agricoles comme dans notre organisation. Pour tenter d’agir positivement sur ce revenu, il faut attaquer la question par plusieurs biais. La PAC est bien sûr  capitale. Mais évidemment, la question des prix de vente de nos productions l’est tout autant.  Sur ces deux fronts, le travail de la FWA est constant et opiniâtre !

José Renard

La directive européenne luttant contre les pratiques commerciales déloyales au sein de la chaîne agroalimentaire a été adoptée en avril 2019. Celle-ci a pour objectif de défendre les fournisseurs de la chaîne agroalimentaire vis-à-vis de leurs acheteurs à l’égard de pratiques commerciales déloyales dont ils pourraient être victimes. Cette directive concerne donc notamment la relation entre les agriculteurs et leurs acheteurs, dont ils sont souvent dépendants économiquement. Elle peut donc être, si elle est bien  transposée dans notre législation belge, un outil très efficace dans la construction d’un revenu plus équitable pour les producteurs.

En effet, on entend par déloyales certaines pratiques comme des délais de paiement importants, l’annulation tardive de commande de produits périssables, le fait d’exiger des paiements sans lien avec les produits,... La peur de perdre d’importantes sources de revenu empêche trop souvent  certains agriculteurs de dénoncer les pratiques déloyales auxquelles ils sont soumis.. En effet, un acheteur de plus grande taille peut facilement menacer un fournisseur de plus petite taille de rompre la relation commerciale existante, si ce dernier n’applique pas les conditions exigées par l’acheteur. Pour faire face à ce problème majeur, la directive prévoit l’anonymat et la confidentialité tout au long de la procédure de dénonciation. C’est un point crucial qui contribuera à éviter le « facteur crainte » existant actuellement dans certaines relations acheteur-fournisseur.

Par ailleurs, la directive prévoit qu’un acheteur ne pourra pas refuser de confirmer en termes écrits un accord conclu pour lequel le fournisseur demande une confirmation écrite. Si des agriculteurs sont victimes de certaines pratiques commerciales déloyales, cela permettra plus facilement de le prouver.

La FWA travaille activement sur ce dossier afin de rendre ces nouvelles règles utiles sur le terrain. En effet, les Etats-membres ont jusqu’au 1er mai 2021 pour transposer la directive européenne en droit national et donc la rendre effective. Il s’agit d’une opportunité de pouvoir adapter ces règles aux spécificités du secteur.

L’Observatoire des prix et des marges pourrait être un allié efficace de l’amélioration du revenu des agriculteurs. L’opacité relative de la répartition des marges et des  bénéfices dans les filières provoque non seulement une méfiance néfaste entre les acteurs, et met les agriculteurs, à la source de la chaîne, dans une position de grande faiblesse.

La FWA, depuis plusieurs mois, travaille de façon intensive avec les divers acteurs de la filière, et en particulier avec la distribution, afin de chercher des pistes qui améliorent durablement le revenu de nos exploitations.

De son côté, la FJA a réalisé une campagne efficace visant à dénoncer le manque de transparence au sein des filières et la très grande inquiétude des jeunes agriculteurs par rapport à leur possibilité de s’assurer un revenu sur le long terme. « Nous ne voulons plus être les dindons de la farce », une phrase choc qui a fleuri sur nos bords de routes depuis la fin d’année, et qui a reçu un large écho médiatique qui a permis de mettre cette problématique en lumière.

Cette dynamique commune de nos mouvements est très positive et nous poursuivrons notre travail ensemble pour renforcer le revenu et encourager l’installation, en appuyant sur tous les leviers disponibles !