Erreurs et apprentissages

« Nul n’est censé ignorer la loi ». Cette maxime, ajoutée par Napoléon lui-même à l’article 1er de notre code civil, régit depuis une grande partie de nos vies, en tant que citoyens, mais également en tant que professionnels engagés dans la gestion d’une entreprise.

Et pourtant, nous le savons, ce sont précisément nos erreurs qui nous permettent d’avancer, de nous améliorer. C’est en trébuchant que nous avons pu apprendre tout au long de notre vie, et bâtir les entreprises dont nous pouvons aujourd’hui être fiers. Tout ce travail s’est construit sur une montagne de petites maladresses, d’oublis, de retards, de « je ferai mieux la prochaine fois ».

L’erreur, quand elle n’est pas consciente ni délibérée, quand elle est de bonne foi et formatrice, est l’une des clés de voute de notre société. Celle qui lui permet d’être toujours plus humaine. Celle sans qui aucun de nous ne pourrait être là aujourd’hui. « Rome ne s’est pas faite en un jour ». On pourrait ajouter que Rome ne s’est pas non plus faite du premier coup.

En tant qu’indépendant, le droit à l’erreur est pourtant un droit qui nous est trop souvent refusé. Ou que l’on oublie tout simplement de reconnaître. Comme si nous avions des pouvoirs surhumains, comme si nous pouvions tout connaître et tout contrôler. Comme si, en décidant un jour de prendre tous les risques pour créer une entreprise, nous avions également acquis des supers-pouvoirs.

Nous ne sommes que des êtres humains. Et comme tout un chacun, nous avons nos bons jours et nos mauvais. Nos échecs et nos réussites. Nos erreurs et nos succès. Tout n’est pas parfait et c’est ça qui fait le sel de la vie.

Il est important, si l’on veut garder le cap d’une société durable socialement et économiquement, de pouvoir opter pour une politique qui ne soit pas seulement une politique  basée sur le contrôle, mais plutôt sur l’accompagnement. Une politique de correction plutôt que de répression automatique.

Actuellement, nous sommes encore loin de cette politique idéale tournée vers l’amélioration constante de nos sociétés, qu’elles soient civiles ou économiques. Trop souvent, le travail de l’entrepreneur est scruté au peigne fin, passé à la loupe pour y déceler le moindre manquement à l’excellence, comme un énième refus à notre condition d’être humain. Tout doit être parfait alors même que nous nous enfonçons toujours plus dans un marécage administratif.

Et si on passait de ce fonctionnement punitif à un fonctionnement d’accompagnement en consacrant le droit à l’erreur, le droit d’être humain ?

Ce changement de politique, il ne pourra s’envisager qu’en étroite collaboration, voire même en partenariat, avec l’Administration. Un changement de paradigme qui replacerait l’humain au centre des préoccupations, augmenterait les échanges et créerait un nouveau paysage administratif. Passer d’une administration de sanction à une administration d’accompagnement changerait totalement la donne et permettrait sans nul doute de favoriser l’esprit d’entreprise, bien souvent trop brimé par l’excès de normes, de contrôles et de sanctions !

Par ailleurs, nous plaidons conjointement pour un accompagnement des entrepreneurs dans un « parcours de la seconde chance » afin de les aider à comprendre leurs erreurs et, surtout, en tirer les enseignements. Il semble important à ce titre de rappeler à chaque entrepreneur que le tribunal de l’entreprise, bien plus qu’un simple tribunal, est un véritable partenaire pour les entreprises, présent pour aider et encadrer l’entrepreneur qui se trouve en difficulté.

Plus qu’un souhait, nous appelons cette revendication du droit à l’erreur à devenir la pierre angulaire d’une politique administrative d’évolution et d’amélioration. Pour nous, pour toutes les entreprises wallonnes, mais aussi pour l’administration. Car, nous le savons tous, elle aussi peut faire des erreurs. Alors profitons en pour évoluer et nous améliorer ensemble. Comme des êtres humains, pas des super-héros. Comme des partenaires. Ensemble !

 

Nicolas Nelis et Caroline Cleppert
Nicolas Nelis - Secrétaire général FWA & Caroline Cleppert - Secrétaire générale UCM