Les 31 août et 1er septembre dernier, la SOFICO et le SPW Mobilité et Infrastructures ont inauguré, en grandes pompes, le contournement de Couvin. Cette portion de l’autoroute E420, prolongement transfrontalier de l’autoroute A304, est un des nombreux tronçons qui permettront, à terme, de relier la méditerranée à la mer du Nord avec une liaison autoroutière en suivant le tracé de l’actuelle Nationale 5. Si le chantier est encore loin d’être terminé, les agriculteurs utilisateurs de la N5 sont inquiets des alternatives qui leur seront proposées. Ils ont donc profité de l’occasion pour rappeler leurs exigences.

 

Isabelle Jaumotte

 

L’autoroute E420 suivra le tracé de l’actuelle Nationale 5 avec, pour certaines parties, une mise au gabarit autoroutier de l’actuelle N5 et pour d’autres, un dédoublement de la N5. Ces travaux d’envergure vont avoir des conséquences non négligeables sur les agriculteurs, que ce soit pendant la période des travaux ou après la mise en service de l’infrastructure autoroutière, via expropriation d’une partie de leurs parcelles ou via contournement de la voirie. Dans ce dernier cas, des solutions doivent être trouvées pour permettre aux agriculteurs de pouvoir rejoindre leurs parcelles situées de part et d’autre de la future autoroute ou dans l’axe de cette dernière et ce, sans devoir faire des détours interminables ou sans devoir traverser les rues étroites des villages avec du matériel agricole lourd.

A la demande des agriculteurs de la région, la FWA a donc profité de l’événement qui se profilait pour adresser un courrier au SPW Mobilité et Infrastructures. En effet, les agriculteurs « riverains » de cette future autoroute tentent depuis plusieurs mois voire années de rencontrer, dans le cadre d’une réunion officielle, les services de la Direction des Routes de Namur pour analyser les aménagements crédibles et réalistes pour leur permettre de poursuivre leurs activités agricoles sans pouvoir passer par cette infrastructure autoroutière.

A l’heure actuelle, cette demande est restée sans réponse.

Certes, certains contacts ont déjà eu lieu avec quelques-uns d’entre eux mais ceux-ci ne sont pas les seuls et au vu de ce qui se prépare, l’ensemble des agriculteurs concernés par cette nouvelle autoroute doit être informé des projets en cours et des impacts sur leur travail quotidien. La FWA a donc rappelé au SPW qu’il était impératif qu’une information soit prévue pour tous les agriculteurs concernés afin d’envisager, avec eux, les solutions pour leur permettre de poursuivre leurs activités dans les meilleures conditions possibles.

Ainsi, la FWA a demandé à la Direction des Routes de Namur de convoquer une réunion dans les meilleurs délais avec les agriculteurs concernés par les futurs tronçons et qu’il en soit ainsi de manière régulière jusqu’à la finalisation complète de la E420.

 

L’Inspecteur général du Département des Routes de Namur et Luxembourg n’a pas tardé à répondre au courrier de la FWA. Il rappelle ainsi que, vu l’importance du chantier, la réhabilitation de la N5 comprend plusieurs phases programmées entre 2017 et jusque 2024, auxquelles il faut ajouter le contournement de Couvin qui se finalise.

Certaines phases de cette réhabilitation sont terminées, à savoir la mise au gabarit autoroutier de l’actuelle N5 de Somzée à Laneffe et de Philippeville à Samart. Plusieurs phases sont en voie de finalisation de l’étude, notamment le tronçon entre Fraire et Philippeville (dont le remplacement du viaduc de Yves-Gomezée). Quant à l’étude des dernières phases, de Samart à Frasnes-lez-Couvin, elle devrait commencer fin 2019.

A chaque nouvelle phase de chantier, lors de l’avant-projet, une consultation est faite au travers d’une présentation aux riverains et d’une enquête publique.

Il rassure en précisant que les accès agricoles et la circulation des convois agricoles sont pris en compte dans l’étude de la réhabilitation de la N5. Selon lui, aucune parcelle agricole ne sera enclavée. Pour ce faire des chemins agricoles seront réalisés pour garantir leur accès.

Pour ce qui concerne les quelques traversées (la N5 étant déjà sur une grande partie du tronçon équipée une berme centrale non franchissable), elles font l’objet d’un traitement particulier. Par exemple, la construction d’un nouveau pont entre Jamagne et Jamiolle afin d’assurer une connexion de part et d’autre de la N5 ou encore le prolongement de chemins de desserte parallèles jusqu’à un échangeur.

Le SPW précise que les parcelles concernées par les projets font déjà l’objet d’une concertation, soit en direct, soit par le biais d’un représentant, soit encore par la FWA qui est en contact régulier avec les services du SPW. Cependant, cette concertation n’a lieu qu’à partir du moment où le SPW commence l’étude du projet.

Concernant les phases entre Fraire et Philippeville dont l’étude se finalise, si le SPW avait déjà confirmé être favorable à la tenue de cette réunion, il estimait qu’elle était prématurée étant donné qu’ils souhaitaient traiter individuellement les agriculteurs riverains de la N5, concernés au premier chef. A l’heure actuelle, le SPW attend le retour d’un dernier agriculteur pour valider le dernier tracé de chemin agricole (entre la rue de la Botte et la rue Reinette à Yves-Gomezée). Dès ce cas résolu, une réunion sera programmée avec la FWA et les agriculteurs concernés.

Concernant les dernières phases entre Samart et Frasnes-lez-Couvin, le SPW vient de lancer le marché public pour désigner un bureau d’étude. Dès que celui-ci sera désigné, début 2020, le même mécanisme de concertation que pour les phases précédentes sera utilisé, en impliquant tant les agriculteurs directement concernés que la FWA.

En parallèle de cette réponse, une réunion a été organisée au Cabinet du Ministre de la Mobilité, Carlo Di Antonio, en présence des services du SPW Mobilité et Infrastructures, avec plusieurs agriculteurs, la FWA et les autorités communales de la ville de Couvin. Cette réunion avait pour objectif de (ré)instaurer un dialogue entre l’administration et tous les agriculteurs concernés. Ces derniers souhaitent en effet avoir une réunion qui présente tout le projet, avec les différentes étapes déjà réalisées et celles à venir mais surtout avec toutes les dispositions prévues ou à prévoir pour les agriculteurs.

Les représentants du Ministre ont rappelé que ce n’était pas le Ministre qui décidait du tracé d’un projet, mais bien l’administration. Cependant, la volonté est bel et bien d’élaborer un projet de façon collaborative. Enfin, le cabinet rappelle que l’étude sur le tronçon qui pose le plus de soucis aux agriculteurs n’a pas encore débuté mais que le souhait est de dialoguer avec un petit groupe d’agriculteurs pour trouver les chemins où les tracteurs vont pouvoir passer.

Rassurés, les agriculteurs sont amenés à préciser leurs attentes par rapport au tracé envisagé et devraient être conviés prochainement à une réunion de présentation générale du tronçon passant par Yves-Gomezée, lorsque celui-ci sera finalisé, et les informer de l’échéancier des travaux prévu jusque 2025.

La FWA continuera à suivre avec attention ce dossier, d’accompagner les agriculteurs dans leurs démarches et de vous tenir informé des suites.