Le regard de Marianne

A regarder par la fenêtre, on pourrait croire que la météo de ce début de mois de mai s’est d’elle-même mise au diapason de l’état d’esprit actuel du monde agricole. Entre la perspective toujours plus proche de la directive IED, les mesures absurdes de la BCAE5, les déclarations PAC, pour certaines bâclées dans l’urgence, et bien d’autres encore, nos agriculteurs ont bien du mal à terminer leurs journées sur une note positive. 

Marianne Streel

Et pourtant… Un changement subtil semble s’opérer ces derniers temps. L’air de rien, on remarque ça et là des petites marques de soutien au monde agricole. Pas grand-chose, non, juste quelques bribes.  

C’est ce voisin d’une exploitation qui prend contact avec nous pour saluer les bonnes pratiques de l’agricultrice d’à côté, grâce auxquelles il n’a jamais eu à souffrir de coulées de boue malgré une parcelle désormais considérée comme étant à risque « extrême ». C’est un citoyen anonyme qui contacte la FWA pour exprimer sa stupeur devant l’absurdité de l’obligation de clôturer les cours d’eau. C’est une petite dame qui s’arrête devant nos panneaux à Namur, lors de la manifestation, pour nous remercier du travail fourni et nous dire que sans nous, le monde court à sa perte.  

C’est aussi le nombre toujours plus grand de produits locaux dans les rayons de nos supermarchés, malgré la crise, malgré les marges difficiles à respecter, malgré une morosité ambiante du secteur. Chaque jour voient tout de même se nouer de nouveaux partenariats, de nouvelles perspectives pour notre secteur, qui, même si elles n’atteignent pas toutes leur objectif idéal, construisent petit à petit la voie à une présence toujours plus importante de produits belges, si pas wallons.  

C’est encore le nombre de personnes qui se déplacent de plus en plus vers les fermes, lors de portes ouvertes, lors de ventes de colis de viande, pour aller à la rencontre des agriculteurs, apprendre à connaître leurs vies, leurs familles, leurs passions pour leur métier.  

Il n’est pas facile de voir le verre à moitié plein. Trop souvent, nous avons tendance à regarder ce qui nous blesse, ce qui nous semble nous tuer à petit feu. Mais si l’on s’éloigne, que l’on prend la peine de regarder ce que les bureaucrates aiment appeler « the big picture » - une plus grande image – nous pouvons nous rendre compte que s’il n’est pas parfait, le monde évolue. Et que nous avons notre place à prendre, notre rôle à jouer.  

La porte de l’opinion publique, si elle est loin d’être grande ouverte à l’agriculture, semble désormais laisser passer un petit plus de lumière. Et il est sans doute temps pour nous, en tant que FWA, mais aussi en tant qu’agriculteur, de nous y engouffrer, d’oser en faire quelque chose, d’aller vers les autres pour leur montrer à quel point notre agriculture est belle, surtout lorsqu’un rayon de soleil se pose sur elle. Entre deux nuages.