Ce 20 janvier a été créée Belpotato.be, la nouvelle organisation interprofessionnelle (on dit «organisation de branche» plus couramment) du secteur de la pomme de terre. Cette nouvelle structure voit donc le jour sous la forme d’une asbl dont les fondateurs sont les représentants de l’association professionnelle pour le secteur du commerce et de la transformation, BELGAPOM, et les organisations agricoles de l’Agrofront fédéral, dont la FWA fait partie, pour la production. La FIWAP, notre filière wallonne de la pomme de terre, est également de la partie sur les deux volets. Mais pourquoi fallait-il une telle structure qui vient encore grossir les groupes de discussions déjà existants à de multiples niveaux?

Alain Masure

Un rappel de quelques éléments fondamentaux et beaucoup plus généraux sera sans doute bien utile, avant toute chose. Nous reviendrons plus spécifiquement en pages intérieures sur la mise en route de Belpotato.be.

Une organisation de branche, une fois qu’elle est reconnue par les autorités institutionnelles du pays, dans notre cas au moins l’une des deux régions flamande et wallonne, va acquérir le statut de représentant officiel de son secteur. Lors de prises de décisions portant par exemple sur la qualité des produits, la durabilité, la communication vers les citoyens-consommateurs toujours à la recherche d’informations objectives, cela est essentiel de pouvoir être soutenu par ces mêmes autorités. Voilà déjà une justification à notre engagement et notre participation concrète dans de telles «OB».

Mais parmi tous les dossiers à discuter en interprofession, il en est un pour lequel la FWA a souhaité pouvoir aller plus loin que ce qui a été fait jusqu’à présent dans les structures de discussions informelles, à savoir celui des relations économiques et commerciales entre producteurs et acheteurs, qui constituent évidemment un élément essentiel au sein des filières. Cette partie, qui peut être contractuelle, devrait a priori permettre aux uns comme aux autres de trouver des consensus, tant au niveau financier que technique. Cela ne sera pas nécessairement facile et reconnaissons que les exigences des marchés et de la société concourent à des différences de vue parfois très marquées. Malgré une longue tradition de discussions interprofessionnelles entre la production et la transformation de nombreux secteurs agricoles, il n’a pas toujours été possible, hélas, de dégager des accords équilibrés entre les partenaires. Et il faut constater que c’est trop souvent le «maillon» de la production, nos agriculteurs donc, qui a joué jusqu’à présent le rôle peu glorieux de variable d’ajustement, au détriment immédiat du revenu et, parfois même, de sa viabilité.

La FWA, et avec elle les autres représentants des agriculteurs, espère trouver dans ces formules de concertation plus permanentes et mieux structurées les conditions pour mener à bien ces discussions et parvenir à établir des règles de bonnes pratiques commerciales et relationnelles, décidées collégialement, qui pourront être étendues à tous les opérateurs d’un secteur, via le système des «extensions de règles». En effet, une «OB» reconnue et représentative (au moins les 2/3 des volumes nationaux de production et de transformation assurés par ses membres) pourra prendre des mesures complémentaires à la loi pour autant que les deux régions les acceptent. C’est une deuxième bonne raison de s’y trouver.

D’autres justifications existent évidemment, comme l’intérêt de pouvoir collaborer de manière organisée avec les partenaires de la recherche, au niveau des établissements scientifiques publics, tels le CRAW en Wallonie et l’ILVO en Flandre, et des universités et autres hautes écoles spécialisées dans l’agronomie et l’agroalimentaire. L’évolution des technologies et des besoins sociétaux, notamment en termes de qualité de l’alimentation, de respect de l’environnement et de prise en compte du problème climatique, une fois pour toutes avéré, nécessite un accompagnement permanent de la part des milieux de la recherche et du développement. Enfin, pour clore cette petite liste certainement non exhaustive, un autre intérêt majeur, selon nous, de travailler étroitement en interprofession est de pouvoir traiter ensemble les signaux d’un marché donné et de réfléchir aux réels besoins d’un secteur au niveau des volumes produits, en visant à la meilleure adéquation possible entre l’offre et la demande, la seule réellement garante de prix corrects dans nos fermes.

Beaucoup d’espoirs et beaucoup de travail sans doute nous attendent!