Notre présidente, Marianne Streel, a souhaité, en ces temps difficiles, s’adresser  directement à tous, et en particulier aux agricultrices et agriculteurs, pour leur faire part de ses réflexions et les tenir informés du travail qui est réalisé par nos responsables et nos services afin d’atténuer, autant que possible, les effets de la crise et permettre la continuité du travail dans les exploitations. Bonne lecture !

 

 Chers agricultrices et agriculteurs,

 

Depuis plusieurs semaines en Asie, et depuis trois semaines en Belgique, nous vivons une crise sanitaire plus qu’importante. L’apparition de ce nouveau virus, est humainement terrible ! S’ajouteront à ces moments difficiles que vont vivre malheureusement certaines de nos familles, des conséquences tant sociales qu’économiques.

A la sortie de cette crise, sera sans doute venu le temps des grands questionnements et choix à faire sur le modèle que nous désirons vraiment pour notre société !

La FWA, dès le début de la crise du corona virus, s’est mobilisée en collaboration entre le personnel et les élus ainsi qu’ en concertation avec les filières et les cabinets des Ministres fédéral et régional de l’Agriculture, afin de définir et signaler à la cellule de crise, une liste très complète des autorisations et décisions qui devaient être prises dans le but de veiller à la continuité de l’activité agricole ainsi que de l’amont et de l’aval de notre secteur.

Tous étant bien conscients du rôle essentiel de l’alimentation, la filière agroalimentaire dans son ensemble n’est donc pas concernée par les mesures de restrictions des activités économiques, mais je rappelle cependant, si cela était encore nécessaire, que nous le sommes, en ce qui concerne les mesures de protection sanitaire telles que notamment la distanciation entre les personnes.

Je profite de l’écriture de ce mot, pour remercier l’entièreté du personnel de la FWA, pour la qualité du travail fourni par chacun. Nous sommes tous au poste, en télétravail, derrière nos ordinateurs et téléphones, disponibles afin de continuer à répondre à vos besoins. Quant à la cellule communication, elle met tout en place afin que nos membres reçoivent par tout moyen numérique possible les informations nécessaires au bon fonctionnement de nos exploitations et ce, au-delà du journal Pleinchamp qui reste bien entendu la référence dans le monde agricole.

L’objectif premier de notre travail a été de veiller à la continuité de la production et des besoins essentiels à la vie tout en veillant toujours et d’abord à la santé de tous, qui reste la priorité du moment. C’est ça aussi être une organisation professionnelle responsable et solidaire.

Il faut pouvoir prioriser les demandes en importance et en nombre, en étant réaliste et en gardant en tête que nous devons participer tous collectivement à la gestion de la crise sanitaire.

Quelle admiration et reconnaissance pour tous ceux qui tous les jours prennent de véritables risques en continuant leur travail de soins aux malades et aux personnes : médecins, infirmiers, ambulanciers, pharmaciens, ceux qui continuent à s’occuper tant de nos aînés que de nos gardes d’enfants dans les homes, crèches et écoles; les vendeurs dans nos magasins de proximité que certains redécouvrent ou de grande distribution, nos facteurs, nos éboueurs etc.

Qu’ils soient en première ou deuxième ligne, qu’ils en soient remerciés ainsi que leurs familles, dont je comprends le stress.

Il y a également tous ceux qui continuent à travailler en télétravaillant, ou comme nous les agriculteurs, ou acteurs de la filière en veillant aux règles de distanciation.

Notre métier joue un rôle primordial dans cette crise sanitaire en contribuant avec les autres maillons à permettre un approvisionnement alimentaire indispensable. D’ailleurs force est de constater qu’après des périodes d’agri-bashing intensif, le monde agricole est à nouveau remercié pour son travail journalier. J’ai reçu de nombreux messages dans ce sens ces derniers jours, et je tiens à vous le dire, car c’est avant tout à vous qu’ils sont destinés.

 

Et puis, je ne peux qu’avoir une pensée émue pour tous ces indépendants et salariés qui ont vu leur activé s’arrêter subitement avec toutes les craintes que cela peut poser en terme d’avenir socio-économique... J’ai d’ailleurs une pensée toute particulière pour le monde de la diversification agricole non alimentaire, soutenue par ACW au sein de la FWA; dont les équipes sont là aussi au jour le jour afin d’accompagner au mieux ses membres aujourd’hui touchés par les mesures de confinement.

Cette crise sanitaire s’ajoute aux différentes crises successives depuis quelques années et a pour effet de déstabiliser encore l’économie et le marché; pas uniquement certains secteurs, cette fois,  mais pour  la société dans son ensemble et de plus, dans toutes les parties du monde.

Nos gouvernements ont pris des mesures économiques d’urgence pour essayer de venir en soutien aux difficultés de certains, mais cette crise, sans aucun doute, laissera derrière elle de lourdes traces et impacts...dont il faudra des années pour se remettre, ainsi que le soulignent de nombreux économistes.

Dans un tel cadre, nous devrons tous être solidaires comme nous le sommes pour l’instant en vue de rebondir et afin d’essayer d’améliorer nos systèmes de fonctionnement, qui plus est mondialement.

 

Ces dernières semaines, nous avons assisté à des modifications de comportement des achats, parfois même incontrôlés, de la part du consommateur. Stress, anxiété, incertitude, peur de manquer, arrêt de la consommation hors domicile avec la fermeture de l’Horeca et des cantines, ont bousculé les habitudes d’écoulement de nos matières agricoles. Certains de nos acheteurs réguliers en souffrent et cela provoque un « effet domino ».

A cela, se rajoute pour les producteurs, transformateurs et commerçants également de l’incertitude et des questions de planification et d’organisation ...

Même si on doit reconnaître chez beaucoup, et c’est à saluer, une grande capacité d’adaptation et d’innovation.

Mais des questions demeurent, et la FWA veillera à y trouver réponse.

La sécurité d’approvisionnement des intrants, notamment les aliments, dans nos fermes d’élevage est primordiale. Nous veillons également à l’approvisionnement des fermes de cultures en semences, engrais et produits phytosanitaires.

La question de la main d’œuvre, en cette période de printemps et de relance du travail dans nos campagnes, pose également un gros soucis, surtout et d’abord pour celle des saisonniers venant de l’étranger. Avec la Fédération Wallonne Horticole, représentant ce secteur fortement touché lui aussi une fois encore, nous avons soulevé ce problème auprès de nos responsables politiques.

Commence également à se poser et se posera sans doute encore plus crûment, le problème de la maladie de la main d’œuvre dans nos exploitations. Nous avons notamment la possibilité du service de remplacement, tant que celui-ci pourra suivre... Soyons attentifs à nos voisins agriculteurs et n’oublions pas si le besoin s’en fait sentir, de nous entraider les uns les autres surtout et encore plus, dans les fermes d’élevage.

Ensuite, on peut légitimement se poser la question de savoir quelle sera l’évolution des prix des intrants, des prix de vente de nos productions, de l’écoulement de nos produits hors de nos frontières, etc. Nous sommes tous devant de grandes incertitudes.

La FWA a commencé à lister les situations problématiques d’écoulement ou encore socio-économiques pour notre secteur et continue à participer tant à la concertation chaîne, que dans les organisations de branches, avec les autres acteurs de la filière alimentaire, afin d’en préserver la durabilité. Il est donc primordial que, quant à vous, les agricultrices et agriculteurs, vous continuiez à nous faire part des situations difficiles que vous rencontrez dans vos exploitations. Nos services veilleront à vous soutenir au mieux, que ce soit le service d’études, sur l’aspect revendicatif, que le CGTA pour ce qui concerne la gestion de vos exploitations.

Après la gestion des urgences, et des calculs des pertes économiques pour tous les secteurs de notre société, sera dans une troisième phase venu le temps de la réflexion et des décisions sur quels modèles socio-économique, environnemental et organisationnel nous désirons pour reconstruire le monde de demain !

Nous devrons nous positionner sur la valeur de la vie, sur les besoins essentiels à nos vies et également sur la question des soins de santé, de notre dépendance à d’autres parties du monde pour des produits de base ou de la sécurité alimentaire notamment...

Et l’Union européenne dans tout ça ? N’étant pas à la manœuvre en ce qui concerne les politiques de santé, matières dépendant des états, elle s’est fait quelque peu voire trop silencieuse surtout quand on considère que nous sommes tous citoyens européens à part entière. Par ailleurs, l’UE a déclaré que face au désastre économique qui se préparait, elle abandonnerait son pacte de stabilité, pour permettre ainsi à chaque état de débloquer les fonds budgétaires nécessaires pour faire face aux conséquences de la crise du corona virus.

Les prévisions de certains économistes parlent d’un impact pour notre pays de + de 50 milliards sur notre PIB et d’un déficit budgétaire pouvant atteindre 10 % ou plus si le confinement dure jusque mi-mai. Ces déficits seront financés aux taux d’intérêt nuls par la Banque centrale européenne.

N’empêche que ça ne sera pas sans impact et que les discussions sur les futurs budgets tant européens que nationaux et régionaux ne seront pas facilitées. La FWA devra donc être encore plus présente lors des prochains arbitrages budgétaires aux fins de défendre au mieux les intérêts du monde agricole.

La première priorité aujourd’hui, est la santé de chacune et chacun.

Prenez soin de vous, de vos proches et de tous !

Respectons les mesures sanitaires préconisées et essayons de vivre au mieux ce confinement, qui peut aussi être une opportunité pour chacun de réfléchir à la vraie valeur de chaque chose.

Soyons plus que jamais solidaires, responsables et respectueux de tous, en continuant, grâce à notre beau métier, à fournir à nos concitoyens des produits et services divers de qualité.

Soyons plus que jamais fiers de notre beau métier, qui aujourd’hui retrouve sa vraie importance dans la vie de chacun !