Ce mercredi, le Parlement européen a adopté un amendement qui pourrait avoir un impact majeur dans le cadre du traité qui devrait régir les relations commerciales entre l'Europe et les pays de la zone du Mercosur.

Cet amendement met en lumière les inquiétudes européennes face à la politique environnementale pratiquée par le président brésilien Bolsonaro, qui va complètement à l'encontre des engagements définis dans l'accord de Paris, et qui n'est clairement pas de nature à aider la lutte menée contre le changement climatique.

José Renard

L'ensemble des eurodéputés belges francophones s'est rallié à cet amendement, proposé lors d’un vote intervenu la semaine dernière concernant l’adoption d’un rapport sur la mise en œuvre de la politique commerciale commune.

La FWA se félicite de ce vote, qui va tout à fait dans le sens de ses revendications dans le cadre du traité Europe-Mercosur, relayées à de multiples reprises vers les parlementaires européens belges, comme vers l'ensemble du monde politique, la presse et le grand public.

Pour rappel, la FWA a mené de longue date une campagne de sensibilisation aux impacts négatifs de l'accord politique de juin 2019 sur notre agriculture européenne et en particulier wallonne.

Lors de la foire de Libramont 2019, la FWA avait organisé la signature publique d’une pétition qui détaillait ses revendications par rapport à l’accord. Avec le soutien des organisations représentatives de l’agriculture familiale dans la zone Mercosur (via notre agri-agence, le Collectif Stratégies Alimentaires), nous avions aussi récolté de nombreuses photos d’agriculteurs portant le panneau «Non aux accords EU-Mercosur», afin de montrer sur le terrain, l’inquiétude bien réelle des exploitants et l’opposition aux accords très largement répandue.

La FWA l’a dénoncé dès le départ. Ces accords sont un total non-sens notamment sur le plan climatique. En acceptant d’importer des quantités importantes de sucre, de viande bovine, de volaille et d’éthanol issus d’Amérique du sud, les négociateurs européens du Mercosur se moquent littéralement des consommateurs et des agriculteurs. Les standards de production européens et a fortiori wallons, sont d’une sévérité extrême sur le plan sanitaire, environnemental, social, autant qu’en termes de bien-être animal. C’est très loin d’être le cas des productions sud-américaines qui accéderaient à notre marché si les accords étaient confirmés en l’état.

Par ailleurs, alors qu’on demande à notre agriculture et à nos citoyens de faire des efforts pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, les accords Europe-Mercosur tels que conçus initialement font mine d’ignorer que les productions sud-américaines sont, à cet égard, catastrophiques (déforestation, monocultures, usage de pesticides non autorisés en Europe)... avant même de prendre en compte le coût climatique de leur transport jusqu’en Europe.

Ces accords seraient d'autant plus difficiles à accepter en l’état qu’ils reviennent à importer chez nous dans des conditions de concurrence totalement déséquilibrées des produits que nous sommes parfaitement capables de produire dans le plus grand respect des normes de production européennes très élevées! Catastrophiques sur le plan environnemental, social et économique, ces accords sont un coup de poignard manifeste dans le concept même de durabilité, que l’Europe affirme par ailleurs vouloir promouvoir de façon transversale dans toutes ses politiques, et en particulier dans le cadre de la PAC, qu’elle entend rendre toujours plus verte. Une fameuse incohérence, donc, qui pourra peut-être prendre fin avec le vote de cet amendement.

C'est donc un pas capital dans la bonne direction, notamment pour notre agriculture, qu'a posé le Parlement européen la semaine dernière en réaffirmant la nécessité de prendre en compte les impacts environnementaux dans le cadre des accords commerciaux. Pour autant, le combat face aux accords avec la zone du Mercosur n’est pas terminé. Nous avons bien l’intention de nous assurer que les intentions définies dans l’amendement de la semaine dernière soient bien transposées dans le traité Europe-Mercosur. Nous y veillerons de très près.