Une grogne d'une ampleur considérable

Cela fera bientôt deux mois que les agriculteurs belges se sont lancés à la suite de leurs collègues européens dans des actions de grogne d’une ampleur considérable. L’occasion de refaire le point sur tout ce qui a été fait et obtenu jusqu’à présent, avant d’envisager d’éventuelles nouvelles actions dans les semaines à venir.

Olivia Leruth

La décision a été prise lors du comité directeur de la FWA du 23 janvier dernier : les tracteurs wallons reprendraient les routes bien plus tôt qu’imaginé au départ pour faire part de leur ras-le-bol face à la charge administrative et aux revenus agricoles en berne. Un peu moins de deux mois plus tard, beaucoup d’eau (et bien d’autres choses) a coulé sous les ponts et, il faut bien le reconnaître, on a un peu de mal à faire le tri entre ce qui a été promis et ce qui a été réellement obtenu…

Ce qui a été réellement obtenu

La première victoire au compteur est sans conteste la mise à l’agenda des problématiques agricoles, et sans délai. Même si, quand on dit « sans délai », on parle bien des délais de l’administration, dont la mobilisation a été exceptionnellement rapide. Après des actions de sensibilisation partout en Wallonie et une première manifestation à Namur, une première « taskforce » fédérale a été organisée en urgence (le 2 février) avec les trois ministres belges de l’agriculture Clarinval, Brouns et Borsus et les organisations agricoles.

Deuxième victoire au niveau fédéral : l’exclusion de l’agriculture de la nouvelle loi fiscale qui obligeait les agriculteurs à renseigner les coordonnées et les numéros nationaux de tous leurs propriétaires.

Ce qui a été promis

Du côté des engagements concrets pris par la taskforce fédérale, on retrouve :

  • Le développement d’indicateurs des coûts de production par filières, afin de pouvoir mieux connaître la réalité des coûts endurés par les agriculteurs ;
  • L’extension de l’interdiction de vente à perte au secteur primaire ;
  • L’inclusion de nouvelles pratiques (comme le délisting abusif) dans la liste des pratiques commerciales déloyales et la simplification du signalement de ces pratiques.
Manifestation au coeur du quartier européen

Cette semaine, le SPF Economie est revenu vers nous avec des propositions concrètes de modification de certaines lois, principalement issues du Code de droit Economique, et notamment en matière d’interdiction de la vente à perte ou de pratiques déloyales. La FWA tient à pouvoir y faire intégrer le caractère spécifique des produits agricoles. 

A la région, sur les 67 (!) propositions amenées par la FWA à la table des négociations, 20 ont été discutées et 19 d’entre elles ont abouti à des engagements fermes de travailler sur ces matières, dont nous vous parlions dans notre édition du 29 février dernier (article accessible en cliquant ici). 

Désormais, nous sommes donc en attente de propositions concrètes sur les accords de travail. A l’heure d’écrire ces lignes, une réunion du groupe de travail wallon sur la simplification était prévue ce mercredi 13 mars, au cours de laquelle des analyses et d’éventuelles propositions relatives aux 19 mesures devaient être ajoutés aux discussions. Nous vous tiendrons évidemment informés des résultats.

Ce que l’on espère encore obtenir

Certaines avancées ont été obtenues, c’est un fait, mais d’autres choses restent encore à discuter plus avant afin de permettre au monde agricole de sortir complètement la tête hors de l’eau.

Concernant les sujets sur lesquels aucun engagement n’a encore été obtenu, l’un des objectifs de la FWA est de pouvoir travailler plus encore sur les objectifs liés au revenu, dont par exemple un accord concernant l’interdiction des promotions abusives sur les produits agricoles, mais aussi d’avancer en matière de simplification administrative vers un carnet de champ réaliste et réalisable pour les agriculteurs, et une communication plus fluide entre l’Administration et les agriculteurs.

Reste à espérer maintenant que le retour du beau temps et des échéances électorales ne permettra pas à nos têtes pensantes d’oublier la détresse et la colère du monde agricole… Affaire à suivre !