Première fois en 2022

La maladie hémorragique épizootique est la petite cousine de la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO). Cette maladie émergente est apparue en Europe pour la première fois fin de l’année 2022. Cantonnée en Espagne et en Italie, voilà que le premier cas français a été détecté.

Aline Lecollier

Cette maladie inconnue en Europe a fait son apparition pour la première fois en octobre 2022 en Italie. Depuis lors, plusieurs foyers ont été recensés dans des exploitations bovines. La Sardaigne, la Sicile, l’Espagne et le Portugal comptabilisent, à l’heure actuelle, près de 200 foyers. 

Foyers de la maladie hémorragique
Source : Plateforme ESA

Le 18 septembre 2023, les autorités sanitaires françaises ont notifié les trois premiers foyers dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.

Origine et cause de la maladie

La maladie Hémorragique épizootique(MHE) est une maladie virale infectieuse et souvent mortelle chez le cerf de Virginie. Elle peut toucher occasionnellement d’autres ruminants à des degrés divers. Elle est normalement présente dans les pays d’Afrique du nord.

Le virus responsable de la maladie est fort similaire à celui de la FCO. Il possède 8 sérotypes différents. L’Italie et l’Espagne sont touchées par le sérotype 8. Ce sérotype est identique à celui touchant la Tunisie.

Le mode de transmission est identique à la FCO. Le virus utilise un vecteur, le culicoïde, pour se transmettre entre animaux. Ce vecteur est la cause probable de contamination en Europe. En effet, les scientifiques ont observé de forts vents venant du désert. Ceux-ci auraient pu emporter les culicoïdes contaminés de l’autre côté de la méditerranée. La concordance entre le sérotype européen et nord-africain semble confirmer cette hypothèse.

Signes cliniques

L’espèce la plus sensible est le cervidé. Les symptômes sont très importants et peuvent même entrainer la mort. En termes de sensibilité, on retrouve ensuite l’espèce bovine qui ne présente que peu voire pas de signes mais il ne faut pas généraliser et le risque d’avortement n’est pas anodin. Pour les petits ruminants, les ovins peuvent être infectés mais feront une forme asymptomatique tandis que les caprins sont naturellement résistants.

Les signes cliniques sont assez comparables avec ceux décrits pour la FCO. On peut observer du jetage, de l’hypersalivation, de la conjonctivite, de l’érosion et des ulcères dans la cavité buccale ou encore des œdèmes.  Il est extrêmement difficile de distinguer la maladie hémorragique épizootique de la FCO sur base des simples signes cliniques. Seule une analyse en laboratoire peu faire la différence.

Mesures de protection

Il n’existe pas de vaccin autorisé actuellement. La seule mesure de protection fiable est de ne pas importer des animaux provenant de régions à risque sans garantie sanitaire.

On peut espérer qu’avec l’approche de l’automne et les baisses de température, les moucherons vecteurs vont mourir et que la maladie va se réguler d’elle-même.

Cependant, certaines mesures sont prises tant au niveau européen qu’au niveau de la Belgique.

Cette pathologie était encore inconnue en Europe il y a un an. C’est pourquoi la loi de santé animale européenne (AHL) oblige les états membres à notifier et à prendre des mesures pour éradiquer la maladie. L’Italie, L’Espagne et maintenant la France ont mis en place un zonage géographique (150km) avec des restrictions de mouvement pour les bovins présents dans les zones à risques.

Au niveau belge, il y a un suivi de l’évolution de la maladie par l’AFSCA.  À part cette surveillance active, il n’y a rien de spécifique à faire pour les éleveurs. Au niveau des laboratoires, lorsque le test PRC pour une suspicion de FCO revient négatif, un test pour la maladie hémorragique épizootique sera alors automatiquement réalisé. Si malheureusement le risque venait à augmenter, il y aura en temps voulu une communication spécifique vers les vétérinaires et les éleveurs.

Néanmoins, l’apparition d’un nouveau sérotype de FCO aux Pays-Bas, la recrudescence de la FCO en France et maintenant l’apparition de la maladie hémorragie, tant les éleveurs que les vétérinaires doivent faire preuve de vigilance et envoyer des échantillons à l’analyse à la moindre suspicion.  L’apparition de cette pathologie sur le territoire belge aurait de graves répercussions économiques.

La FWA ne peut que vous conseiller d'être vigilant et ne manquera pas de relayer ces informations et de rester attentive à l’évolution de la maladie en Europe.