Moissons 2023 : recommandations pour gérer les risques liés aux mycotoxines

Les mycotoxines sont des substances toxiques produites par certains champignons qui menacent la qualité des céréales récoltées. Elles peuvent se développer sur les cultures, notamment dans des conditions chaudes et humides, aussi bien avant qu'après la récolte, voire pendant le stockage. Leur présence dans les denrées alimentaires peut avoir des effets néfastes sur la santé, tant pour les êtres humains que pour les animaux d'élevage. Étant résistantes au traitement des aliments, il est essentiel de les prévenir et de les surveiller attentivement. 

Les trois principales mycotoxines à surveiller pour garantir la qualité des cultures de froments et d'épeautres sont le Déoxynivalénol (DON), la Zéaralénone (ZEA) et l'Ochratoxine A (OTA). Les mycotoxines DON et ZEA sont produites, aux champs, par les champignons du genre Fusarium, présents dans le sol. La production de l’OTA intervient quant à elle lors du stockage des céréales. 

Les récentes analyses pré-récolte effectuées par le réseau d'alerte mycotoxines sont rassurantes, puisqu'elles indiquent que tous les échantillons prélevés respectent les teneurs maximales autorisées en DON pour une utilisation en alimentation humaine. Les bonnes pratiques mises en œuvre, telles que la rotation des cultures, le labour, les traitements fongiques ciblés et l'utilisation de variétés plus résistantes aux champignons, ont été efficaces pour réduire le risque lié au DON. 

Cependant, il est essentiel de rester vigilant face à la ZEA, car aucune mesure anticipative n'a encore été identifiée pour la contrôler efficacement. Les grains tardivement récoltés présentent un risque accru de développement de cette mycotoxine. De plus, les normes imposées pour la ZEA sont particulièrement strictes, ce qui signifie qu'un risque de contamination subsiste même si les bonnes pratiques ont été mises en œuvre. Des précautions supplémentaires doivent donc être prises lors de la récolte pour minimiser ce risque de contamination. 

Pour réduire au maximum les risques liés aux mycotoxines et en particulier à la ZEA, il vous est recommandé d’appliquer les précautions suivantes si vous n'avez pas encore moissonné vos céréales : battre séparément les portions de champs qui sont versées, effectuer des analyses d'humidité et fixer un seuil de récolte en dessous de 17% si possible. 

La gestion du stockage est également cruciale pour prévenir le développement des mycotoxines. Un séchage adéquat est capital pour éviter les poches d'humidité propices au développement de moisissures responsables de la production de la mycotoxine de stockage, l'OTA. Avant la récolte, il est recommandé de nettoyer rigoureusement les installations pour éliminer toute contamination potentielle. Lors de la prise en charge des céréales, le tri des grains est à privilégier pour éliminer les impuretés et les lots contaminés. Il est également vivement conseillé de contrôler régulièrement le taux d'humidité et la température des grains stockés pour garantir leur qualité. Recourir à un système de ventilation efficace est primordial pour maintenir une température optimale dans les cellules de stockage. Toutefois, si la teneur en humidité est trop importante, la ventilation en elle-même ne suffit pas, et dans ce cas, il est recommandé de procéder à un séchage préalable avant le stockage. Attention qu’il est important de noter que le séchage peut réduire le risque d’apparition de l’OTA mais ne peut pas éliminer la ZEA si cette mycotoxine est déjà produite aux champs. 

Si vous destinez vos céréales à l'alimentation humaine, il est recommandé de recourir à des analyses supplémentaires. En plus du contrôle de la présence de ZEA, l'analyse du Hagberg est à envisager pour minimiser les risques. La valeur de Hagberg est liée à la germination sur pied. Avec l'avancement de la maturité, la valeur de Hagberg augmente progressivement jusqu'à atteindre un plateau qui se maintient pendant un certain temps. Il est crucial de surveiller attentivement le tout début de diminution du Hagberg, car cette diminution peut parfois être très rapide. Idéalement, la valeur de Hagberg doit rester au-dessus de 220 secondes, ce qui est un indicateur de bonne qualité. Le Hagberg est un paramètre très sensible et permet de détecter rapidement des problèmes de prégermination. Sa surveillance attentive permet d'agir promptement pour préserver la qualité des céréales destinées à la panification. 

En adoptant ces recommandations, vous pourrez optimiser votre récolte de froments et d'épeautres malgré les défis météorologiques et les risques de mycotoxines. La vigilance et la prévoyance sont essentielles pour assurer la qualité et la sécurité de la récolte 2023. Bonne moisson à tous ! 

Du côté des négociants interrogés, s'ils sont bien conscients des risques liés à cette moisson et qu’ils ont déjà prévu de scinder les lots entre la moisson précédente et celle-ci, les recommandations sont prudentes. En fonction de la ou les fenêtres météo à venir et du matériel disponible, il est recommandé d’attendre quelques jours que les céréales sèchent avant de moissonner et si besoin, d’attendre une seconde fenêtre météo.  

Nous vous rappelons qu’il est nécessaire que les bâtiments de stockage et les machines, appareils et outillages entrant en contact avec le produit (avant, pendant et après la récolte) soient propres et en bon état. Cela s’applique particulièrement aux bennes ayant servis aux plantations de pommes de terre. Un nettoyage qualitatif permet de minimiser les risques, et de contribuer à la qualité des différentes productions végétales. 

Nous rappelons également la nouvelle exigence de vos négociants que les céréales/oléagineux/protéagineux ne peuvent être stockées dans un hangar dans lequel d’autres matières premières que ces productions ont été stockées et dans lequel des produits de protection des plantes de synthèse (origine non naturelle) non agréés en céréales/oléagineux/protéagineux ont été utilisés afin d’éviter les contaminations croisées.